Le projet de gazoduc Nord Stream 2, destiné à transporter du gaz russe jusqu’en Allemagne via la mer Baltique, sera réalisé malgré les sanctions américaines qui ne feront que le ralentir, a déclaré le chef du gouvernement polonais, Mateusz Morawiecki, dans une interview au journal allemand Die Welt.
«Je considère que les sanctions américaines retarderont la réalisation du projet sans l’arrêter», a indiqué M.Morawiecki.
Fin décembre, le groupe suisso-néerlandais Allseas, qui participait à la pose des conduites de Nord Stream 2 en mer Baltique, a arrêté ses travaux et rappelé ses bateaux pour éviter d’être touché par les sanctions adoptées par les États-Unis le 17 décembre.
Berlin soutient le gazoduc, Varsovie est contre
Le 11 janvier, lors d'une réunion avec le Président Poutine à Moscou, la chancelière allemande s'est fermement opposée aux tentatives américaines de saper la construction du gazoduc, notant qu’il profiterait à l'Allemagne et à d’autres pays européens. Angela Merkel a souligné que le Nord Stream 2 serait «mis en œuvre quoi qu'il arrive», avant de promettre de toujours soutenir le projet.
M.Morawiecki, dont le gouvernement estime que le projet Nord Stream 2 rendra l'UE trop dépendante du gaz russe, a considéré la décision de Berlin de ne pas abandonner le Nord Stream 2 comme «un pas dans la mauvaise direction», d’après Die Welt.
«En Pologne, nous préférerions que la construction de Nord Stream 2 n'ait jamais commencé», a-t-il affirmé.
Le gazoduc Nord Stream 2
Le projet Nord Stream 2 prévoit la construction d’un gazoduc long de 1.230 km entre le littoral russe et l’Allemagne au fond de la mer Baltique, passant par les eaux territoriales et les zones économiques exclusives de la Finlande, de la Suède et du Danemark.
D’une capacité totale de 55 milliards de mètres cubes par an, il acheminera l’or bleu du champ gazier de Bovanenkovo (sur la péninsule russe de Yamal), l’un des plus grands du monde, selon le site officiel du projet.
Le Nord Stream 2 est financé par la société russe Gazprom (à 50%, soit 4,75 milliards d’euros), en coopération avec les groupes européens Engie, OMV, Royal Dutch Shell, Uniper et Wintershall qui investissent environ 950 millions d’euros chacune.