Débat annoncé par l’eurodéputé Glucksmann sur l’Algérie: Alger refuse toute «interférence dans ses affaires intérieures»

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Le gouvernement algérien a réagi à l’appel de l’eurodéputé Raphaël Glucksmann pour organiser un débat au Parlement européen sur la situation politique en Algérie, affirmant que les relations stratégiques entre Alger et l’UE ne sauraient être remises en cause par «de simples parlementaires qui se caractérisent par une myopie».

Le Parlement européen devrait organiser jeudi 28 novembre un débat sur l’Algérie qui sera sanctionné par le vote «d’une résolution d’urgence», à l’appel de l’eurodéputé français Raphaël Glucksmann. Ainsi, le ministre algérien de la Communication et porte-parole du gouvernement, Hassen Rabehi, a officiellement réagi lundi 25 novembre à l’idée d’organiser ce débat en affirmant que les autorités et le peuple algériens refusaient catégoriquement toute «interférence dans leurs affaires intérieures», rapporte l’Algérie Presse Service (APS).

«Il est admis dans l’esprit de l’Union européenne ainsi que de tous nos partenaires étrangers que l’Algérie s’attache au principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays, tout comme elle n’admet pas, en tant qu’institutions et peuple, qu’il puisse y avoir une interférence dans ses affaires intérieures», a déclaré le responsable dans un entretien avec l’APS.

«De simples parlementaires qui se caractérisent par une myopie»

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L’Algérie et l’Union européenne sont tenues par un accord d’association qui est entré en vigueur en 2005. Un autre accord de libre-échange entre les deux partenaires sera mis en application à partir de 2020.

Ainsi, partant de ce constat, M.Rabehi a affirmé qu’il souhaitait «tout d’abord, relever le fait que les relations de l’Algérie avec l’UE sont des relations stratégiques très importantes qui couvrent tous les secteurs d’activités». «Autant l’UE que l’Algérie, tous sont conscients de ce caractère stratégique et ne permettraient pas à qui que ce soit de remettre en cause cette qualification par de simples parlementaires qui se caractérisent par une myopie et qui ne mesurent pas l’importance de ces relations», a-t-il précisé.

En conclusion, Hassen Rabehi a indiqué que «l’UE et l’Algérie, de par le nombre d’accords qui ont été signés ainsi que les interactions fructueuses qu’il y a eu jusqu’à présent, renforcent la confiance en l’avenir de ces relations, auxquelles les deux parties accordent une importance stratégique».

L’avis du patronat algérien sur les accords avec l’UE

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L’Accord de libre-échange avec l’Union européenne qui entrera en vigueur en 2020 sera «un désastre pour l’économie nationale» algérienne, a déclaré Ali Bey Nasri, président de l’Association nationale des exportateurs algériens, lors d’un passage sur la Radio nationale.

«L’accord avec l’UE n’est pas en faveur de l’Algérie, dont l’économie n’a pas encore réussi à sortir de la dépendance aux hydrocarbures», a-t-il expliqué.

M.Nasri a expliqué que «ce qui est catastrophique pour l’économie nationale», c’est que le pays a importé entre 2005 et 2017 pour 283 milliards de dollars des 28 pays de l’Union européenne, mais n’a exporté que pour 12 milliards de dollars de dérivés du pétrole, soit 4,2%.

À ce fort déséquilibre s’ajoute le fait que dans «les accords d’association avec l’UE qui comprennent 110 clauses», l’UE «n’a respecté que le volet commercial, tandis que la partie relative à la coopération, au transfert de technologies et à la circulation des personnes a été négligée», a pointé Ali Bey Nasri.

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Le président de l’Association nationale des exportateurs algériens regrette que ces accords d’association Algérie-UE signés en 2002 et entrés en vigueur en 2005 «n’aient pas fait l’objet d’études approfondies, ce qui les a rendus défavorables à l’économie nationale».

Pour lui, l’Algérie n’est pas prête à l’application de l’accord de libre-échange avec l’UE, même si ce dernier prévoit une période de transition de 12 ans avant l’établissement d’une véritable zone de libre-échange. Ainsi, l’Algérie a tout intérêt à renégocier cet accord comme l’ont fait la Tunisie et le Maroc, a-t-il conclu.

L’appel de Raphaël Glucksmann

Raphaël Glucksmann est membre du groupe de réflexion néo-conservateur le Cercle de l'Oratoire. Il a contribué en 2006 à la fondation de l’organe de presse Le Meilleur des mondes, qui défend le bien-fondé des interventions en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, en Géorgie et en Ukraine et dénonce l'antiaméricanisme.

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Dans un message publié sur son compte Twitter, l’eurodéputé a annoncé l’organisation d’un débat sur la situation politique en Algérie au Parlement européen, à Strasbourg. Il a également affirmé qu’une «résolution d’urgence» sera votée à l’issue des débats.

Il dénonce par ailleurs la passivité des eurodéputés face à la révolution pacifique des Algériens, qui pourrait selon lui changer toute la face de l’espace méditerranéen. Ainsi, il a fait savoir à tous ses collègues qui adopteront une attitude molle à l’égard de ce qui se passe en Algérie, notamment l’arrestation «massive» de manifestants dont ceux ayant brandi le drapeau berbère, qu’il rendra publiques toutes les déclarations. «Chacun assumera sa position au grand jour», avertit-il.

Dans une déclaration à Sputnik, l’ex-colonel de l’armée de l’air algérienne Mokhtar Saïd Mediouni a déclaré à l’adresse de l’eurodéputé que «l’Algérie n’est pas la Libye que son ami Bernard-Henri Levy avait fait basculer un jour [dans la guerre en 2011, lors de l’intervention de l’Otan, ndlr]». «L’Algérie est unie et elle le restera», a-t-il affirmé.
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