Dans un message publié sur son compte Twitter, le député européen Raphaël Glucksmann a annoncé l’organisation la semaine prochaine d’un débat sur la situation politique en Algérie au Parlement européen, à Strasbourg. Il a également affirmé qu’une «résolution d’urgence» sera votée à l’issue des débats.
Une petite histoire algéro-bruxelloise qui parle du #Hirak, de l’Algérie, du Parlement européen et de notre rapport à la politique... pic.twitter.com/MNnJv2hKua
— Raphael Glucksmann (@rglucks1) November 21, 2019
«Il y aura bien un débat sur l’Algérie et une résolution d’urgence la semaine prochaine à Strasbourg», a-t-il écrit.
Il dénonce par ailleurs la passivité des eurodéputés face à la révolution pacifique des Algériens, qui pourrait selon lui changer toute la face de l’espace méditerranéen. Ainsi, il fait savoir à tous ses collègues qui adopteront une attitude mole à l’égard de ce qui se passe en Algérie, notamment l’arrestation «massive» de manifestants dont ceux ayant brandi le drapeau berbère, qu’il rendra publiques toutes les déclarations. «Chacun assumera sa position au grand jour», avertit-il.
Exactement! Pas d’ingérence, juste le soutien au #hirak et la dénonciation de la répression. Et la fin de ce silence européen entretenu par les lobbies. Courage!
— Raphael Glucksmann (@rglucks1) November 22, 2019
Raphaël Glucksmann est membre du groupe de réflexion néo-conservateur le Cercle de l'Oratoire. Il a contribué en 2006 à la fondation de l’organe de presse Le Meilleur des mondes, qui défend le bien-fondé des interventions en Irak, Afghanistan, Libye, Syrie, Géorgie, Ukraine, etc… et dénonce l'antiaméricanisme.
La réplique d’un ex-officier supérieur algérien
Dans un entretien accordé à Sputnik, l’ex-colonel de l’armée de l’air algérienne et expert sur les questions sécuritaires Mokhtar Saïd Mediouni a affirmé que l’intervention du député européen «était un coup d’épée dans l’eau et un non-événement».
«La déclaration de M.Glucksmann qui est […] connu mondialement ne nous surprend pas du tout», a affirmé l’ex-haut gradé, ajoutant que d’autant plus «il est bien ancré dans le lobby berbéro-makiste [en référence au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), ndlr] et un ami du séparatiste Ferhat Mehenni [président du MAK, ndlr]».
En conclusion, Mokhtar Saïd Mediouni lance qu’il aurait «aimé voir Raphaël Glucksmann s’intéresser aux cris et aux pleurs des enfants palestiniens qui crèvent dans des exécutions sommaires sous les bombes de l’aviation israélienne à Gaza sans que personne ne bouge le petit doigt». «Alors que ce qui se passe à Gaza devrait interpeller tout humaniste sincère dans le monde», a-t-il ajouté.
Tout en rappelant que depuis le 22 février des millions d’Algériens ont manifesté sous la protection de l’armée sans qu’aucune goutte de sang ne soit versée, M.Mediouni a souligné «que l’Algérie a toujours refusé l’ingérence étrangère et elle n’a besoin de l’aide de personne pour sortir de sa crise politique qui est un problème de famille».
Alger pointe des tentatives d’ingérence
Dans une déclaration à la presse lundi 7 octobre sur l’affaire de la députée française LFI Mathilde Panot, retenue par la police à Béjaïa lors d’une manifestation populaire, Sabri Boukadoum, ministre algérien des Affaires étrangères, a estimé que ce qu’elle avait fait à Béjaïa était une «atteinte à la souveraineté nationale» algérienne, réaffirmant ainsi le refus catégorique de toute ingérence dans les affaires internes du pays.
«J’ai souligné à maintes reprises qu’il y a des parties étrangères hostiles qui complotent contre l’Algérie et qui tentent de s’immiscer dans ses affaires internes avec une complicité flagrante de la bande [de l’ancien régime de Bouteflika, ndlr], à l’intérieur, et que nous mettons en garde de jouer avec le feu», a déclaré le chef d’état-major de l’ANP.
Le général Gaïd Salah a réitéré que ce qui se passait en Algérie était une affaire interne qui concernait les Algériens, et seulement les Algériens, affirmant qu’il tenait «à dire à ces outranciers de se soucier de leurs affaires et des problèmes de leur pays». L’ANP ne laissera pas «l’Algérie […] en proie aux instigations et aux complots d’un petit groupe de personnes […] qui planifient de perturber la fête de l’élection présidentielle», a-t-il résumé.