Marges «exorbitantes» des supermarchés sur le bio: «Je ne vais plus au supermarché»

© Fotolia / KreusDes produits agricoles (image d'illustration)
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Un rapport de l’association UFC-Que Choisir a mis en lumière les «sur-marges» réalisées par les enseignes de grande distribution sur de nombreux produits bio. Une pratique qui touche les Français au portefeuille et pourrait freiner leur appétit de produits plus sains. C’est ce que confirment les témoins que Sputnik France a interrogés.

Le tout-bio en France ne semble pas être pour demain. C’est en tout cas ce que laisse supposer le rapport de l’association UFC-Que Choisir, qui met en lumière les «sur-marges» mises en place par les enseignes de grande distribution sur les produits issues de l’agriculture biologique. D’après cette étude, les marges brutes sur les fruits et légumes bio sont en moyenne 75% plus élevées que celles appliquées aux produits conventionnels.

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Pourtant, les Français privilégient de plus en plus les produits bio malgré leurs prix élevés dans la grande distribution. Le rapport souligne notamment le prix exorbitant des fruits et légumes bio, et en particulier, ceux qui sont le plus consommés par les Français:

«Si le niveau de marge en bio est équivalent au conventionnel pour l’oignon, l’ail ou la carotte, sur les trois fruits et légumes les plus consommés (la pomme de terre, la tomate et la pomme), les marges brutes sont respectivement 83%, 109% et 149% supérieures au conventionnel. La palme des sur-marges revient au poireau, où la grande distribution marge 2,5 fois plus sur le bio que sur le conventionnel (+ 165%)», indique le rapport.

​Ce qui alarme de surcroît cette association est que le rendement moindre de l’agriculture biologique ne justifie pas à lui seul un tel écart dans les marges mises en place par les grandes enseignes:

«Cette situation est d’autant moins acceptable qu’à ce jour, la grande distribution n’a produit aucun élément chiffré permettant de justifier une différence dans les frais de distribution entre le bio et le conventionnel (manutention, stockage, mise et pertes en rayon, etc.)», explique cette étude.

Néanmoins, l’UFC-Que Choisir affirme que «La cherté du bio en grandes surfaces n’est pas une fatalité». En effet, ceux-ci conseillent aux consommateurs de faire jouer la concurrence et de se rendre dans les enseignes spécialisés bio dans lesquels les produits, en particulier les fruits et légumes, «s’avèrent 19% moins élevés» que dans la grande distribution.

De son côté, la grande distribution, réfute catégoriquement cette étude qui, selon elle, «ne repose sur rien», comme l’indique à nos confrères de Franceinfo, Jacques Creyssel, le président de la Fédération du commerce et de la distribution. Selon lui,

«Les prix d’achat sont plus élevés, tout comme les coûts de vente. Ceci est totalement compris par le consommateur qui est prêt à payer plus cher.» 

Comment ces marges affectent-elles les consommateurs du bio en France? C’est ce que Sputnik France a essayé de comprendre en leur posant directement la question. Pour Amir Taleb, propriétaire du restaurant végan/bio «Les Tontons Veg», et consommateur quasiment exclusif de produits bio, le luxe du choix des fruits et légumes bio sur ceux conventionnels n’est parfois pas possible:

«Pour ma part, j’ai une situation financière relativement aisée, ce qui suggère que je devrais pouvoir privilégier les produits bio, mais bien souvent, ce n’est pas le cas. Dans les grandes enseignes comme Carrefour ou Monoprix, mais aussi dans celles spécialisées, les produits bio, mais aussi vegans, sont très chers. En particulier les fruits et légumes de saison.

J’essaye tant bien que mal de me rendre dans les marchés pour acheter mes produits, mais mon emploi du temps me limite souvent. Je dois donc faire le choix malgré moi des fruits et légumes issus de l’agriculture conventionnelle, ce qui ne m’enchante pas quand on connaît les dangers que cela implique.»

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En effet, se nourrir de fruits et légumes bio dans les grandes enseignes coûte bien plus cher que pour les mêmes produits issus de l’agriculture conventionnelle. D’après les calculs inscrits dans le rapport, «lorsqu’on cumule les prix des 24 fruits et légumes étudiés, le budget annuel pour un ménage français s’élève à 657€ pour le bio, contre 379€ pour l’équivalent conventionnel». De ce fait, certains ont d’ailleurs décidé d’arrêter d’acheter leurs produits bio dans les grandes enseignes. C’est le cas de Paul Rouffet, récemment entré dans la vie active, qui ne se rend tout simplement plus dans les grandes surfaces pour acheter des fruits et légumes:

«Je fais mes courses de fruits et légumes dans une petite épicerie à circuit court, pas nécessairement bio, mais meilleur et plus cher. Je ne vais plus dans les supermarchés, je trouve que la qualité, même en bio, est décevante. Forcément, le budget pour la nourriture est un peu plus élevé, mais je le compense par des choses plus rentables, comme le vrac», explique-t-il.  

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