Facebook a annoncé dans un communiqué avoir bloqué deux campagnes de manipulation, «orchestrées l'une depuis l'Arabie saoudite, l'autre depuis les Émirats arabes unis et l’Égypte, et dirigées contre de multiples pays au Maghreb et au Moyen-Orient», a indiqué l’Agence France Presse (AFP). Les deux campagnes visaient «à attiser les tensions dans certains États ou à discréditer des dirigeants et gouvernements», a souligné le même communiqué.
Dans un entretien accordé à Sputnik, Mokhtar Saïd Mediouni, ex-colonel de l’armée de l’air algérienne, a commenté les enjeux et les implications de ces campagnes, orchestrées via les réseaux sociaux, sur la situation politique au Maghreb et en Algérie, en particulier, marquée par un blocage politique depuis le 22 février.
La décision de Facebook
«La première chose importante à noter, c’est que cette information est une déclaration sérieuse et officielle de Facebook lui-même», a déclaré l’ex-officier supérieur. «Si elle est suivie réellement d’actions visant à bloquer ces campagnes de fake news qui cherchent à déstabiliser les pays du Maghreb dans leur processus de démocratisation, je trouve que c’est une bonne nouvelle pour le monde entier et pas uniquement pour les nations maghrébines», a-t-il ajouté.
Car déstabiliser le Maghreb, pour cet ex-haut gradé, «c’est également déstabiliser le sud de l’Europe, et donc, par la suite, l’Europe toute entière, et c’est également déstabiliser l’Afrique». «Souvent, ce qui se passe sur les terrains des conflits n’est pas rapporté de manière fidèle, et, en général, est déformé sur les réseaux sociaux qui ont été pour beaucoup dans la déstabilisation de certains pays comme la Libye, la Syrie, l’Irak et d’autres…», a-t-il expliqué.
Le cas de l’Algérie
«Dès que le dialogue national a été amorcé par le chef de l’État par intérim [Abdelkader Bensalah, ndlr], en créant un panel de plusieurs personnalités chargé de coordonner le dialogue entre les différentes parties, des campagnes venimeuses ont été lancées sur les réseaux sociaux contre les responsables de l’État et les institutions de la République, avec l’Armée nationale populaire (ANP) comme première cible, utilisant des informations diffamatoires et mensongères», a-t-il soutenu.
À titre d’exemple, l’ex-colonel de l’armée de l’air a confié que «moi-même, j’ai été victime d’une campagne de diffamation». «En tant que personnalité publique, depuis que j’ai été cité par le chef de l’état-major de l’ANP dans l’un de ses discours et mon premier entretien avec Sputnik France, je suis devenu une sorte de bête noire à abattre», a-t-il souligné, indiquant que «des pages Facebook m’ont accusé de malversation en m’imputant des ventes illégales de raffineries de pétrole dans le sud du pays».
Le rôle de l’argent sale
En conclusion, l’ex-officier supérieur de l’ANP a souligné que «tous les patriotes sincères sont tenus de se mobiliser pour expliquer à tous les Algériens que nul n’a le droit de jouer avec la stabilité et la souveraineté du pays». «Nous sommes tous appelés à travailler rapidement à l’organisation d’une élection présidentielle libre et démocratique, seul moyen de l’expression de la volonté populaire et d’une sortie viable de la crise politique».
La stratégie des instigateurs dévoilée
Le géant du Web américain a déclaré que les auteurs de ces campagnes ont tenté de dissimuler leur identité. Cependant, les investigations des ingénieurs de cyber-sécurité de Facebook ont réussi à mettre en évidence des connexions avec des individus liés au gouvernement saoudien d'une part, et avec deux sociétés de marketing, New Waves en Égypte et Newave aux Émirats arabes unis (EAU).
«Dans chacun de ces deux cas [non liés entre eux, ndlr], des personnes ont agi de façon concertée et utilisé des faux comptes pour se faire passer pour d'autres personnes et entités», a précisé Nathaniel Gleicher, chef de l'unité de cyber-sécurité du réseau. «C'est pour cette raison que nous sommes intervenus», a-t-il ajouté.
Selon Facebook, plus de 13,7 millions de comptes suivaient les pages de la campagne venue d'Égypte et des EAU, et environ 1,4 million suivaient celles de la campagne saoudienne. L’entreprise a également rappelé avoir bloqué une campagne de manipulation venue d'Iran, en janvier dernier.