À la suite des événements sanglants qui ont marqué les manifestations populaires au Soudan après l’intervention de l’armée, plusieurs rapports pointent le rôle de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et de l’Égypte dans la tragédie qui secoue actuellement le pays.
Selon M.Kharief, «la main de l’Arabie saoudite et, dans une moindre mesure, celle des Émirats arabes unis ont commencé à peser lourd sur le Soudan depuis l’année 2012». «À cette époque, le Soudan avait des relations normales avec l’Iran et sous la pression saoudienne et émiratie il avait été amené à rompre ses relations avec ce pays et à chasser tout son corps diplomatique en contrepartie d’aides financières et d’investissements», a-t-il ajouté. Dans ce cadre, selon l’expert, les Saoudiens et les Émiratis ont d’ailleurs «acheté beaucoup de terres agricoles dans ce pays, pour l’aider à pallier au problème d’eau et d’irrigation dont il souffrait».
L’autre point nodal qui explique le poids de l’implication saoudo-émiratie au Soudan est, selon l’éditeur de Menadefense, «l’enjeu de la participation de l’armée et de milices soudanaises à la guerre au Yémen dirigée par l’Arabie saoudite». «Des dizaines de milliers de soudanais y ont participé, dont six à sept milles sont morts aux combats».
«Au début des manifestations au Soudan, il y avait une entente entre la rue et le commandement militaire qui a chassé l’ex-Président Omar El-Bachir», affirme M.Kharief, ajoutant qu’en ensuite «un revirement a eu lieu sous la pression de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis en raison de deux facteurs importants». «Le premier est la peur de voir le flux de combattants soudanais au Yémen cesser. Le deuxième est la peur d’un revirement idéologique dans le pays, vu que les manifestants ont appelé à abandonner l’application de la Charia et la mise en place d’un État laïque», a-t-il expliqué.
En conclusion, Akram Kharief a précisé qu’«il y a également l’influence de l’Égypte qui ne veut pas voir une démocratie à ses porte, et qui fait du lobbying au profit de l’armée soudanaise au sein des institutions africaines». «Il y a également celles de la Turquie et du Qatar, qui apportent un soutien financier et moral aux Frères musulmans*, qui tentent de profiter de la situation actuelle pour reprendre le pouvoir», a-t-il conclu.
Au moins 30 personnes ont été tuées et des centaines blessées lundi 3 juin dans la dispersion «par le Conseil militaire» au pouvoir au Soudan du sit-in de manifestants devant le siège de l'armée à Khartoum, a annoncé un comité de médecins proche du mouvement de contestation, cité par l'AFP.
*Organisation terroriste interdite en Russie