L’ex-Président tunisien Marzouki indique l’exemple à suivre à l’armée soudanaise et la prévient «de l’axe du mal arabe»

© AFP 2024 ASHRAF SHAZLYmanifestation au Soudan, 31 mai 2019
manifestation au Soudan, 31 mai 2019 - Sputnik Afrique
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L’ex-Président tunisien Moncef Marzouki a suggéré à l’armée soudanaise de suivre l’exemple de ses consœurs tunisienne et algérienne qui se sont rangées au côté de leur peuple et l’ont protégé. Il l’a en même temps mise en garde contre toute soumission à Riyad, Abou Dhabi et Le Caire qui pourrait hypothéquer la souveraineté nationale du Soudan.

Suite aux événements sanglants ayant marqué les manifestations populaires au Soudan, Moncef Marzouki, l’ex-Président tunisien, a appelé lundi 3 mai l’armée soudanaise à prendre exemple sur les armées tunisienne et algérienne qui ont pris le parti du peuple et qui l’ont protégé. S’exprimant dans un entretien sur la chaîne qatarie Al Jazeera, l’ex-chef d’État a pointé du doigt le rôle de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et de l’Égypte dans la tragédie qui secoue actuellement le Soudan. Il a par ailleurs attiré l’attention du Conseil militaire soudanais sur les graves conséquences, pour la sécurité du pays, d’une allégeance de sa part à des puissances étrangères.

«Ce qui se passe actuellement au Soudan était tout à fait prévisible, je craignais qu’une tragédie arrive et malheureusement c’est le cas», a-t-il déclaré. «Les institutions militaires dans tous les pays arabes, dont le Soudan, ont devant elles l’exemple de l'armée tunisienne, et algérienne je l'espère, qui, elle, a su protéger le peuple et la révolution et refusé d’être instrumentalisée par des tyrans», a-t-il ajouté, suggérant au haut commandement militaire soudanais de s’y référer.

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Selon M.Marzouki, la tournure sanguinaire qu’a prise la révolution populaire au Soudan était prévisible, car «quand vous regardez où les dirigeants de ce conseil putschiste [les dirigeants du Conseil militaire soudanais, ndlr] sont partis et avec qui ils se sont entretenus [l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte, ndlr], vous comprenez qu’ils sont allés donner des informations sur la situation et recevoir les instructions». «Le fait qu’ils aient pris la décision de maintenir l’engagement de 10.000 soldats soudanais au Yémen, cela indique qu’ils ont choisi leur camp». «De ce fait, les instructions qu’ils ont reçu de ces trois têtes de "l’axe du mal arabe" ne pouvaient être que dans le sens de la répression des manifestants», a-t-il soutenu.

Expliquant les enjeux géopolitiques qui pèsent sur le déroulement des événements au Soudan, l’ex-chef d’État a indiqué qu’«avant c’était les puissances coloniales occidentales qui menaçaient l’indépendance de nos pays, mais actuellement à l’intérieur du monde arabe il y a ce trio de "l’axe du mal" qui s’est autoproclamé tuteur sur tous les pays arabes, et s’ingère avec insolence». «Il s’ingère au Soudan, en Libye, au Yémen, en Syrie et en Tunisie avec les médias et l’argent sale», a-t-il ajouté, soulignant qu’«ils ont même eu l’insolence de s’ingérer dans des pays forts qui ont leur pouvoir et leur légitimité comme l’Algérie et le Maroc».

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Tout en lançant qu’actuellement il y a un vrai complot contre les révolutions des peuples arabes qui vise à les faire avorter, Moncef Marzouki a affirmé que ce qui fait peur à ces puissances étrangères est «que si la démocratie s’installe, cela permettra l’arrivée au pouvoir de dirigeants qui travailleront pour l’intérêt de leurs peuples et non pour celui de pays tiers, et ça ils le refusent».

En conclusion, l’ex-Président de la République tunisienne a soutenu que «la cause du peuple soudanais ne se résume plus à la question des droits, mais il doit même se battre pour récupérer sa souveraineté nationale et l’indépendance de la décision politique». Il a dans le même sens mis en garde le haut commandement de l’armée soudanaise contre les graves risques que son rapprochement avec Riyad, Abou Dhabi et Le Caire font peser sur l’indépendance du pays.

Au moins 30 personnes ont été tuées et des centaines blessées lundi 3 juin dans la dispersion, «par le Conseil militaire» au pouvoir au Soudan, du sit-in de manifestants devant le siège de l'armée à Khartoum, a annoncé un comité de médecins proche du mouvement de contestation, cité par l'AFP.

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