À la suite des discussions sur les violences policières qui ont eu lieu au cours des manifestations des Gilets jaunes, Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), a expliqué au quotidien Libération pourquoi les forces de l’ordre avaient recours à la violence et comment reconnaître l’illégitimité de leurs actions.
Préférant plutôt le terme de «violences illégitimes», il souligne que seules les enquêtes menées par la justice permettent d’établir si une violence policière a eu lieu:
«Après, on peut discuter de la légitimité de la violence dans tel ou tel cas, mais c’est à la justice de le dire. Un certain nombre d’enquêtes sont en cours à ce sujet, et une inspection générale (IGGN) existe pour mener les investigations nécessaires. Si des violences illégitimes ont été commises, si des gendarmes sont sortis des clous, ils doivent bien sûr être sanctionnés et c’est le rôle d’un chef que d’y veiller.»
«C’est vrai qu’avec les médias sociaux, le premier réflexe des citoyens lors d’un incident est de prendre leurs appareils pour filmer. C’est un élément nouveau, qui réduit le temps d’analyse. Avant, lorsqu’il y avait un incident, on attendait le compte rendu, on accédait aux éléments explicatifs avant que les choses ne sortent. Aujourd’hui, les faits sortent tellement vite, que nous sommes au mieux informés en même temps, et il est très difficile d’expliquer et de déterminer les responsabilités à chaud. En plus, il y a une asymétrie de traitement, avec désormais des a priori systématiquement négatifs. Le cumul de l’immédiateté et de l’inversion de la présomption d’innocence est problématique.»
«L’image, la vidéo, quand bien même elle dure trois minutes, c’est un instant. Or, c’est le film complet qu’il faut regarder. En tant que responsable, on est souvent, comme vous le faites avec moi, sommé de se prononcer sur la seule image. Mais les situations sont beaucoup plus complexes que cela. Qu’est-ce qui précède l’image? Qu’est ce qui s’organise autour? Quels ordres ont été donnés? Sans ces éléments, vous ne pouvez pas juger sérieusement. Jamais je ne prendrai position ainsi. Car une image, c’est un point de vue. La vérité est à 360 degrés».