Quel impact aura l’appel lancé par le chef de l’armée algérienne sur la crise dans le pays?

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Brahim Oumansour, expert à l’IRIS, a affirmé à Sputnik que l’appel lancé par chef de l’armée algérienne à un dialogue national pourrait être une occasion, si elle est saisie, de créer une «instance indépendante pour l’organisation et la surveillance des élections présidentielles». Selon lui, ceci peut être un compromis pour débloquer la situation.

La date limite de dépôt des dossiers auprès du Conseil constitutionnel pour les candidats à la présidentielle algérienne du 4 juillet était fixée au 25 mai, à minuit. Deux candidats seulement ont déposé leur dossier, laissant ainsi penser que cette élection sera probablement reportée. Dans ce sillage, le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, avait appelé la classe politique et les personnalités nationales à s’engager dans un dialogue «sérieux et rationnel», pour offrir au pays des solutions rapides permettant d’organiser les élections présidentielles dans les plus brefs délais. Il a par ailleurs réitéré le refus de l’institution militaire de l’idée d’une période de transition qui serait, selon lui, «aux conséquences incertaines».

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Dans un entretien accordé à Sputnik, Brahim Oumansour, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), a indiqué les raisons ayant conduit à l’échec de l’organisation de la présidentielle du 4 juillet. Il a expliqué l’intransigeance de l’armée sur la question de l’organisation de la présidentielle, indiquant qu’elle pourrait, selon lui, être le compromis pouvant débloquer la situation.

«La solution constitutionnelle que propose actuellement l’armée et à laquelle tient son chef d’état-major est, certes, la solution qui pourrait être théoriquement la plus sûre», a-t-il déclaré. «Les élections présidentielles sont certainement la meilleure issue pour concrétiser la volonté du peuple», a-t-il ajouté, précisant «qu’il n’y a pas d’autre moyen, que les élections, pour que le peuple puisse exercer sa volonté et élire son représentant».

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Cependant, l’expert de l’IRIS souligne que «malheureusement, ce qui se pose comme problème, c’est une question de confiance vis-à-vis de la population aujourd’hui mobilisée, qui rejette catégoriquement toute élection organisée par le gouvernement intérimaire actuel, dirigé par [le chef de l’État Abdelkader Bensalah, et le chef du gouvernement Noureddine Bedoui, ndlr] ceux que la population considère comme les symboles de la continuité du système Bouteflika». «Donc, tant que les autorités algériennes restent sur une solution qui passe par ce gouvernement ou ces dirigeants, elles prennent le risque d’encourager le rejet, et de ne pas pouvoir susciter l’adhésion populaire».

Brahim Oumansour estime que l’appel du général Gaïd Salah pourrait être un signe d’une volonté de débloquer la situation. Selon lui, l’appel lancé par ce dernier aux partis politiques et aux personnalités nationales «pour s’organiser et dialoguer, pourrait être le moyen de dégager une instance indépendante pour l’organisation et la surveillance des élections présidentielles».

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En conclusion, le spécialiste fait remarquer «que le gouvernement actuel est dans un immobilisme total», ajoutant que «les partis politiques doivent assumer leur part de responsabilité en contribuant à la solution et suscitant l’adhésion de la population algérienne». «Il y a urgence à trouver une solution, parce que toute perte de temps dans ce blocage et cet immobilisme risque d’aggraver la situation économique et sociale dans le pays», a-t-il averti.

Abou El Fadel Baâdji, membre du bureau politique du Front de libération nationale (FLN), parti au pouvoir en Algérie, a affirmé dans une déclaration à Sputnik qu’il était impossible d’organiser cette présidentielle dans les conditions actuelles. Selon lui, cette élection aura probablement lieu au mois d’octobre de l’année en cours.

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