Après que des unités spéciales de la police du Kosovo (ROSU) ont débarqué le 28 mai au matin dans les enclaves serbes du nord du Kosovo-et-Métochie, la situation était tendue et alarmante vu l’excès de recours à la force, estime dans son commentaire à Sputnik le politologue Stefan Filipovic qui vit au Kosovo. Il rappelle que les policiers sont venus «à bord de blindés, avec des armes, entièrement équipés» et, d’après ses informations, donnaient des coups de crosse de fusil.
«Ils ont eu recours à beaucoup plus de violence qu’il ne fallait. Pour rappel, la version officielle annoncée par la police kosovare est celle de la lutte contre les criminels et de l’arrestation des personnes faisant partie de leurs rangs. Soit, ils interpellaient des policiers du Kosovo: des Bosniaques, des Albanais et des Serbes. Mais pourquoi le faire à bord de chars? […] S’il y a des raisons de croire qu’ils ont transgressé la loi, ils peuvent être arrêtés, pourquoi pas. Mais il ne faut pas les prendre avec des forces spéciales à 6h00 du matin», explique-t-il.
«Envoyer une unité spéciale avec plus de 50 véhicules blindés [le Président Vucic en évoquait 73, ndlr] pour arrêter le policier qui cachait les preuves d’une contrebande lambda est un peu comique», juge-t-il.
Prié de commenter les informations parues dans la presse selon lesquelles les habitants des enclaves serbes s’étaient mis à installer des barricades, il confirme.
«Les gens comprenaient que s’ils continuaient à persister, il y aurait le risque d’une escalade de violence d’envergure. Ce qui aurait pu faire des victimes. Les gens ce matin ont essayé de communiquer et d’affronter verbalement les ROSU, essayé de leur livrer des explications», souligne M.Filipovic.
Le parlement kosovar a unilatéralement proclamé l'indépendance du Kosovo par rapport à la Serbie en février 2008. En décembre 2018, soit 10 ans après ces faits, cet organe a voté à l’unanimité des lois relatives à la création d’une armée nationale.