Des unités spéciales de la police du Kosovo (ROSU) ont fait irruption ce 28 mai au matin dans les quatre enclaves serbes du nord du Kosovo, rapporte le site d’information Tanjug. Les sirènes ont retenti peu après 6h à Mitrovica, une ville partagée entre les Serbes et les Albanais, selon Naslovi.net.
Plusieurs arrestations
D’après Tanjug, qui cite ses propres sources, 13 Serbes, dont des officiers de police kosovars et des civils, ont été arrêtés le matin. Toujours d'après l'agence, deux Serbes ont été légèrement blessés lors d’un échange de coups de feu dans la commune de Zubin Potok, dans le nord du pays.
Dans la matinée, le chef du bureau du gouvernement pour le Kosovo-et-Métochie, Marko Djuric, a déclaré à la radio-télévision de Serbie (RTS) que les unités armées du ROSU infiltraient le nord du Kosovo dans le but d'intimider et de provoquer la panique en lien avec les arrestations annoncées par le Président Aleksandar Vucic ces derniers jours.
M. Djuric a ajouté que des coups de feu avaient été entendus et que plusieurs personnes auraient été arrêtées.
Vers midi, le Président serbe Aleksandar Vucic, a déclaré devant le Parlement que 23 personnes de nationalités serbe et bosniaque avaient été arrêtées par Pristina.
S’exprimant dans l’après-midi lors d’une conférence de presse, le chef de la police kosovare a de son côté déclaré que 19 policiers avaient été placés en détention provisoire pour 48 heures. Parmi eux, 11 Serbes, 4 Bosniaques et 4 Albanais.
Un membre russe de la mission de l’Onu arrêté par la police kosovare
Le Président serbe a déclaré qu’un citoyen russe, membre de la mission de l’Onu, figurait parmi les personnes arrêtées par la police kosovare.
«Parmi les personnes arrêtées figure le citoyen russe Mikhaïl Krasnochtchekov, membre de la mission MINUK. Nous en avons informé les organes compétents russes», a annoncé M. Vucic ce matin devant le Parlement. La partie russe n’a pour l’instant pas commenté ces informations.
La Mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo (MINUK) a d’abord confirmé l’arrestation, mais a plus tard ajouté que le diplomate avait été libéré. Le Russe a par la suite été hospitalisé dans un établissement médical de Mitrovica pour une «grave blessure à la tête», selon un médecin local.
La Russie dénonce une «provocation» et appelle à libérer son citoyen
Le ministère russe des Affaires étrangères a qualifié de «provocation» la série d’arrestations de Serbes qui a eu lieu dans le nord du Kosovo.
«Il est évident que ce genre d’agissements provocants des Kosovars est une conséquence directe de l’indulgence pratiquée depuis plusieurs années par l’UE et les USA à leur encontre», a indiqué la porte-parole de la diplomatie russe. «Les fonctionnaires kosovars se sont habitués à ce qu’ils se tirent sans conséquences de toutes leurs provocations», a-t-elle ajouté.
«Nous demandons la libération immédiate du Russe et que les responsables de cet acte flagrant soient traduits en justice», a déclaré l'ambassade.
L'armée en état d'alerte
Aleksandar Vucic a mis toutes les unités des forces armées serbes en état d'alerte, indique la télévision.
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité serbe tenue ce matin, le Président Vucic a informé les représentants de l'UE que la Serbie était prête à agir si la ROSU ne se retirait pas, indique RTS. La télévision affirme que l'armée et la police effectuent des mouvements vers le Kosovo-et-Métochie.
Les forces spéciales du Kosovo ont introduit dans le nord du Kosovo-et-Métochie un total de 73 véhicules, indique RTS. D'après cette même source, l'activité des véhicules blindés a été remarquée dans la caserne de l'armée dans la ville serbe de Kraljevo.
Pristina évoque une opération contre le crime organisé, la force internationale suit la situation
La force internationale au Kosovo (KFOR) mise en œuvre par l'Otan a indiqué qu’elle suivait la situation sans intervenir, affirmant que l’action n’était pas dirigée contre les Serbes. Cette position coïncide avec celle des autorités kosovares selon lesquelles l’opération des forces de l’ordre relève de la lutte contre la criminalité et se déroule sur l’ensemble du territoire.
Les Serbes du Kosovo protestent avec violence contre la déclaration unilatérale d'indépendance en ne reconnaissant pas l'autorité de la République du Kosovo.
Le parlement kosovar a unilatéralement proclamé l'indépendance du Kosovo par rapport à la Serbie en février 2008. En 2010, la Cour internationale de Justice (CIJ) a reconnu cette décision comme légitime dans un avis consultatif. À l'heure actuelle, 105 pays reconnaissent le Kosovo, alors que Pristina affirme qu'il y en a 117. Plus de 60 pays sont contre sa reconnaissance, dont la Chine, l'Inde, Israël, la Russie et cinq pays membres de l'UE.