Pénurie de gaz au Tchad: une marche interdite, des manifestants arrêtés, puis relâchés

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Treize manifestants ont été arrêtés par la police le 25 avril au Tchad, puis libérés le 29 avril. Ils manifestaient contre la pénurie de gaz qui affecte le pays depuis plus de deux mois. En dépit de l'interdiction, quelques manifestants avaient tenu à sortir dans la rue. Amnesty International a condamné les restrictions de liberté dans le pays.

Treize activistes ont été arrêtés le 25 avril à N'Djamena, capitale du Tchad, pour avoir bravé une interdiction de manifestation contre la pénurie de gaz qui affecte le pays. En dépit de l'interdiction du gouvernement, un groupe de manifestants s'était regroupé devant l'Assemblée nationale à N'Djamena la et 13 d'entre eux ont été arrêtés par les forces de sécurité. Ils ont été libérés quatre jours plus tard.

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Pour le bureau Afrique centrale d'Amnesty International, ces manifestants n'auraient jamais dû être arrêtés au motif d'une interdiction qui n'est pas fondée.

«Ils sont des prisonniers d'opinion et nous appelons les autorités tchadiennes à les libérer immédiatement et sans condition. Il est important que les autorités témoignent d'une réelle volonté dans la pratique à respecter et protéger les droits humains», a écrit Tity Agbahey, chargée de campagne pour l'Afrique centrale à Amnesty International dans un communiqué.

Quatre jours après leur arrestation, 12 activistes ont été libérés dans la journée du lundi 29 avril. Ils ont vu leur affaire classée sans suite par le procureur de la République auprès du tribunal de grande instance de N'Djamena, a appris Sputnik. L'un des 13 manifestants est encore gardé pour «besoin d'enquête», relate une source proche de l'affaire.

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Le Collectif tchadien contre la vie chère avait appelé les citoyens à «manifester pacifiquement» jeudi 25 avril dernier, pour protester contre la pénurie de gaz qui affecte le pays depuis plus de deux mois. À l'issue d'une première manifestation mi-mars, déjà interdite, le gouvernement tchadien a pris un arrêté pour interdire la marche lancée par ce collectif de la société civile.

«Le gouvernement dans sa logique de restreindre la liberté d'expression, a pris un arrêté pour interdire ladite manifestation sans qu'aucune raison valable ne soit avancée», selon Dyngamnayal Nely Versinis, porte-parole du collectif.

Arrêté le mercredi 24 avril, pour avoir maintenu son appel à manifester malgré l'interdiction du gouvernement, le porte-parole du collectif tchadien contre la vie chère a été remis en liberté le même jour après avoir demandé à la population «de surseoir à la marche de demain [25 avril, ndlr]».

«Le gouvernement plaide pour le report de la marche et demande une descente sur le terrain, en compagnie du collectif pour constater l'avancée effective de la production de gaz», a indiqué Dyngamnayal Nely Versinis.

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Une suspension de la manifestation qui n'a pas empêché quelques activistes de sortir dans la rue le jeudi 25 avril. Amnesty International avait déjà attiré l'attention des autorités tchadiennes sur le fait que cette interdiction de manifestation était un signal négatif pour les droits humains. «Par cette décision, les autorités indiquent leur manque de volonté à créer un environnement dans lequel des citoyens peuvent exercer leurs droits fondamentaux sans crainte», s'est insurgé la chargée de campagne pour l'Afrique centrale de l'organisation, au lendemain de l'interdiction de la marche.

Les organisateurs de cette manifestation estiment que le coût de la vie a atteint des proportions inquiétantes avec la pénurie de gaz en cours dans le pays. Depuis fin janvier, la raffinerie de Djarmaya, seule source d'approvisionnement en gaz du pays, tourne au ralenti.
En cause, la révision des machines de la centrale, qui détient le monopole du gaz dans le pays, et qui n'aurait pas été anticipée par les autorités.

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Malgré la décision du gouvernement d'importer du gaz du Nigeria et du Cameroun, la population continue de souffrir de la pénurie, les importations ne parvenant pas à combler les besoins. La fin de la pénurie avait pourtant été annoncée pour le 4 avril dernier.

Au Tchad, les manifestations de la société civile sont souvent interdites par le gouvernement qui invoque des «raisons de sécurité», ce qui jette le discrédit sur le respect des libertés dans le pays.

 

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