L’armée algérienne parle de «dossiers lourds de corruption avec des montants faramineux»

CC BY-SA 4.0 / Lamraoui.lamin / Ahmed Gaid Salah With the armyLe général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP
Le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP - Sputnik Afrique
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Le chef d’état-major de l’armée algérienne a déclaré ce 30 avril que les services du ministère de la Défense étaient en possession de «dossiers lourds de corruption», d’après un communiqué officiel. Il a, par ailleurs, appelé la justice «à éviter tout retard dans le traitement de ces dossiers», selon la même source.

Dans le cadre de la lutte anticorruption à laquelle il a lui-même appelé l'Algérie, le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, a affirmé dans un discours prononcé à Constantine, dans l'est du pays, que l'ANP était en possession de «dossiers lourds de corruption […] avec des chiffres et des montants faramineux», selon un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN).

«Concernant la poursuite en justice de tous ceux impliqués dans le pillage des deniers publics et la dilapidation des richesses du pays, je voudrais indiquer que les services du Ministère de la Défense Nationale détiennent des informations avérées concernant plusieurs dossiers lourds de corruption, dont je me suis enquis personnellement, dévoilant des faits de spoliation des fonds publics avec des chiffres et des montants faramineux», a affirmé le chef d''état-major de l'ANP. «Les services de sécurité se sont chargés de mettre ces dossiers à la disposition de la justice pour les étudier et enquêter pour poursuivre tous ceux qui y sont impliqués», a-t-il ajouté.

Le chef de l'armée algérienne a par ailleurs insisté sur «la nécessité d'éviter tout retard dans le traitement de ces dossiers, sous le prétexte de révision des procédures légales, laquelle requière beaucoup de temps, ce qui donne la possibilité à certains d'échapper à la justice».

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Dans un entretien accordé à Sputnik, Ali Benouari, ancien ministre du Trésor et expert international en finances, a affirmé que la vague d'arrestations qui a commencé à déferler «doit s'étendre aux présidents de banques, complices de l'évasion de plusieurs dizaines de milliards de dollars vers l'étranger». Il a par ailleurs détaillé comment l'ex-Premier ministre, qui devait se présenter devant le procureur ce 30 avril, était «devenu le garant de toutes les mafias, à partir de sa nomination comme chef du gouvernement en 1994». Il a également affirmé que son «successeur [Ahmed Benbitour, ex-ministre du Trésor (1992-1993), ex-ministre des Finances (1994-1996) dans le gouvernement d'Ahmed Ouyahia et enfin ex-Premier ministre du Président Abdelaziz Bouteflika (1999-2000), ndlr], a[vait] été chargé de mettre fin aux enquêtes qu[‘il] menai[t] et de rétablir certains PDG qu[‘il] avai[t] limogés».

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Dans une autre intervention, en 2015, au quotidien algérien El Watan, suite au scandale connu sous le nom de SwissLeaks, Ali Benouari avait affirmé que «les estimations des fonds placés à l'étranger, liés à la corruption et à la surfacturation, dépasseraient les 100 milliards de dollars depuis le début des années 2000, tandis que les fortunes algériennes établies à l'étranger seraient de près de 200 milliards de dollars». «Ce phénomène va en augmentant, favorisé essentiellement par les montants importants investis dans les marchés publics et par les années du pétrole cher. C'est un scandale dont on n'a pas fini de parler», avait-il souligné.

Les 22 et 23 avril, le tout-puissant homme d'affaires algérien Issad Rebrab, PDG du groupe agroalimentaire Cevital, les frères Kouninef et Ali Haddad —réputés proches de Saïd Bouteflika-, ainsi que huit cadres du ministère algérien de l'Industrie ont été placés sous mandat de dépôt par le procureur de la République du tribunal de Sidi M'Hamed, à Alger.

Dans un communiqué, l'armée algérienne a nié toute «injonction» de sa part dans la lutte contre la corruption ayant abouti à l'incarcération de plusieurs hommes d'affaires et hauts responsables de l'État. Elle a également répété sa détermination à garantir à la justice les conditions du «libre exercice de ses fonctions sans contraintes ni pressions».

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