David Satterfield, secrétaire d'État adjoint par intérim pour les affaires du Proche-Orient, que le Président états-unien voit au poste d'ambassadeur des États-Unis à Ankara, a promis en cas de nomination d'accentuer les pressions sur la Turquie pour qu'elle «prenne la bonne décision sur les S-400». Sinon, elle risquerait, selon lui, sa participation au programme F-35, pourrait être frappée de sanctions et ne pourrait pas acquérir de Patriot américains.
Tout indique que «la rhétorique agressive des États-Unis à l'endroit d'Ankara ne fera que continuer et se renforcer à l'avenir», a déclaré à Sputnik Yusuf Tuncer, cadre dirigeant du Vatan, parti patriotique de gauche non représenté au parlement turc, commentant les propos tenus par le représentant du département d'État américain.
«Le peuple de Turquie est déjà très fatigué de la rhétorique de l'Occident et s'est engagé dans la voie de la création de nouvelles alliances et d'un nouvel équilibre des forces», a-t-il poursuivi.
Et de préciser que la Turquie pourrait y parvenir dans ses relations avec les pays de la région.
«Établir un équilibre dans ses relations avec la Russie, l'Iran, l'Irak, la Syrie et l'Azerbaïdjan, principalement avec les pays de l'Asie de l'Ouest, et même avec la Chine est pour le moment l'une tâche les plus actuelles de la Turquie», a relevé l'homme politique.
Selon ce dernier, les menaces et les pressions que Washington fait peser sur la Turquie s'expliquent en premier lieu par le fait que la décision d'Ankara d'acheter des S-400 est son choix stratégique.
«Pour la Turquie, les S-400, ce n'est pas qu'un achat d'armes, c'est avant tout son choix stratégique. […] L'achat de S-400 est un choix stratégique pour la Turquie. Les États-Unis le comprennent, d'où les pressions américaines sur Ankara. Des menaces économiques et des difficultés sont annoncées à la Turquie. Quoi qu'il en soit, notre pays est déterminé à surmonter tous ces aléas. En politique extérieure, la Turquie pourra faire face à ces menaces, en renforçant notamment ses relations avec ses voisins dans la région», a résumé Yusuf Tuncer.
Signé fin 2017, le contrat russo-turc sur les S-400 prévoit la livraison de ces systèmes pour juillet 2019. Le ministre turc de la Défense nationale, Hulusi Akar, a récemment annoncé que la Turquie commencerait à déployer les S-400 sur son territoire en octobre 2019.
Les États-Unis exercent des pressions sur la Turquie pour qu'elle renonce à l'acquisition des systèmes russes S-400, menaçant de refuser de lui livrer des chasseurs F-35.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavusoglu, a confirmé le 3 avril que la Turquie n'allait pas abandonner l'idée d'acheter des systèmes S-400 russes, soulignant que c'était «une affaire conclue, une question réglée».