Dans un entretien avec le Journal du dimanche (JDD), Hubert Védrine s'est exprimé sur la crise politique en Algérie. Pour l'ancien secrétaire général de l'Élysée et chef de la diplomatie française, ce qui se déroule dans ce pays d'Afrique du Nord est une «dynamique en marche» qui rappelle «ce qui s'est passé en Europe de l'Est à la fin de l'URSS». C'est un processus de changement pacifique du système politique qui «s'est installé depuis 1965». Tout en qualifiant ce qui se passe «de prometteur», l'ancien diplomate a mis en garde contre toutes formes d'ingérence étrangère dans ce processus. Saluant la position prudente et équilibrée de la France, il a appelé à laisser le peuple algérien mener, à lui seul, son mouvement à bon port.
«Ce qui se passe en Algérie est très important. C'est le début d'un dégel du système qui était figé depuis l'arrivée au pouvoir de Houari Boumediene en 1965 [2e Président de l'Algérie indépendante, ndlr]. C'est donc considérable», a-t-il déclaré, ajoutant que malgré les décisions annoncées par le Président Bouteflika «une dynamique est en marche».
«On n'a que trop vu, ailleurs, les dégâts causés par l'esprit missionnaire, philosophique ou diplomatique! Quoi qu'on en pense, sur le fond, ça ne marche pas, ou plus. C'est même souvent contre-productif», a-t-il affirmé. «C'est encore plus vrai pour l'Algérie, d'autant que les Algériens ne nous ont rien demandé», a-t-il souligné.
Le vendredi 15 mars, des centaines de milliers de manifestants se sont rassemblés dans le centre d'Alger et dans d'autres villes du pays pour exiger le départ du Président Abdelaziz Bouteflika et maintenir la pression sur les autorités qui ont proposé lundi une feuille de route pour la transition rejetée par l'opposition. Il s'agit des manifestations les plus imposantes dans le pays depuis le début de la contestation le mois dernier.