Réunis place de la République à Paris pour le quatrième dimanche consécutif de mobilisation, la diaspora algérienne poursuit sa mobilisation, cette fois en raison de la volonté du pouvoir de prolonger le quinquennat d'Abdelaziz Bouteflika qui avait auparavant renoncé à briguer un cinquième mandat.
Un correspondant de Sputnik s'est rendu sur place pour parler aux manifestants et comprendre leur vision de la situation en Algérie ainsi que leur attitude envers le mouvement des Gilets jaunes dont l'acte 18 a été marqué par des violences à Paris.
«Pourquoi on se mobilise parce qu'on veut vraiment un réel changement en Algérie, c'est-à-dire qu'on veut une vraie politique de l'après FLN. C'est-à-dire qu'on nous dise qu'on nous retire Bouteflika. Soit! Mais Bouteflika n'est pas le seul. Ce que l'on ne veut plus nous en Algérie c'est qu'il y ait une mainmise du pouvoir par certaines personnes et ce sont toujours les mêmes oligarques, les mêmes personnes, les mêmes militaires qui contrôlent, qui décident, qui sont les faiseurs de rois», a expliqué un manifestant.
Il a également mis l'accent sur la solidarité des Algériens en Algérie et des Algériens en France concernant «l'évolution défavorable qui se passe en Algérie».
Le manifestant a tout de même souligné les différences existant entre les mouvements protestataires en France et en Algérie.
«Il n'y pas en Algérie comme en France des yeux crevés, des membres arrachés. C'est vraiment pacifique, les policiers, les CRS, la gendarmerie ont rejoint le peuple parce que nous sommes un peuple fier mais nous sommes un peuple respectueux des institutions. […] Le traitement n'est pas comparable mais la lutte est la même, c'est des luttes populaires, c'est des luttes pour le changement», a-t-il ajouté.
Une autre manifestante qui a dit avoir participé à la mobilisation du 8 mars en Algérie a confirmé que cette dernière «était pacifique».
«On fait tout cela pour la jeunesse algérienne. On n'a pas su faire quoi que ce soit nous-même mais là il y a l'avenir de nos enfants. C'est la jeunesse algérienne qui se lève, alors c'est pour leur avenir», a-t-elle déclaré.
Pour une autre jeune femme, ce qui se passe à présent en Algérie marque un moment historique.
«On veut plus que ce soit ce gouvernement qui gouverne l'Algérie depuis presque 20 ans, on veut que soit une autre personne, par forcement Rachid Nekkaz, un homme ou une femme qui puisse gouverner l'Algérie en étant surtout jeune et qui comprend le peuple algérien.»
Et d'ajouter:
«On est fier de nous, c'est vrai que cela va être écrit dans l'Histoire. Ce n'est pas tous les jours qu'on se réveille comme ça. Cela veut dire qu'on a gardé le silence depuis un moment et à un moment donné notre silence a été pris vraiment pour des gens ignorants. Mais le peuple algérien il n'est pas ignorant, on n'est pas bêtes, donc là on se réveille. On n'est pas des casseurs, on fait une manifestation propre.»