Le massacre de Christchurch témoigne sans doute d'un extrémisme anti-islamique, phénomène dangereux, dont une manifestation en Nouvelle-Zélande a fait 50 morts et 36 blessés, dont 12 se trouvent toujours dans un état critique, a déclaré au micro de Sputnik Richard Shaw, professeur de politologie à l'université Massey, commentant l'attaque de vendredi contre deux mosquées.
«De telles choses ne sont jamais arrivées auparavant dans notre pays, et voilà que maintenant nous sommes en présence d'un exemple d'extrémisme anti-islamique des plus acharnés et répugnants», a poursuivi l'interlocuteur de l'agence.
Et de rappeler à cette occasion les propos tenus récemment par le sénateur australien Fraser Anning qui a imputé le carnage de Christchurch au «programme d'immigration ayant permis à des fanatiques musulmans d'immigrer en Nouvelle-Zélande».
«Ce qui a été dit par cet homme est plus que dégoûtant, manque absolument de tact, est tout bonnement affreux et n'a aucun sens. Ces attaques, ces assassinats ont été perpétrés par un homme né en Australie, par un Australien blanc. […] Il n'y a pas en Nouvelle-Zélande d'extrémisme islamique radical», a souligné M.Shaw.
Selon ce dernier, les musulmans ne sont pas nombreux en Nouvelle-Zélande (environ 1% de l'ensemble de la population du pays). Beaucoup d'entre eux sont nés en Nouvelle-Zélande. Il y a aussi parmi eux des migrants et des réfugiés, mais tous sont Néo-Zélandais.
«Ces hommes, femmes et enfants [qui se trouvaient dans les deux mosquées attaquées à Christchurch vendredi 15 mars, ndlr] exerçaient leur droit à la liberté de confession, alors que le tueur poursuivait même un enfant de cinq ans qui se sauvait, en courant. Le fait qu'un sénateur australien expose des vues pareilles mérite d'être condamné. Ces propos ont été très mal accueillis dans notre pays», a expliqué l'universitaire.
Il a signalé que plus de 200 groupes ethniques parlant 160 à 170 langues différentes peuplaient la Nouvelle-Zélande, dont la nation est très diverse et multiculturelle.
«Quant aux sentiments anti-migratoires, ils n'y ont pas d'expression politique formelle comme cela est souvent le cas dans des déclarations populistes ailleurs, dans d'autres pays. Nous en trouvons évidemment parfois sur Internet. Il y a eu dans le pays des actes isolés de racisme, mais ils ne se sont produits que de temps en temps», a raconté le Néo-Zélandais.
Et de supposer que de tels cas étaient traités avec trop d'indulgence.
«Les événements de vendredi — l'attaque contre deux mosquées à Christchurch — ont constitué un signal de réveil très dur pour la Nouvelle-Zélande. […] Je ne pense pas que ce pays puisse se permettre de rester aussi insouciant qu'auparavant. Les Néo-Zélandais se distinguaient par le passé par un certain optimisme béat qui n'est plus de mise», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
La Nouvelle-Zélande est actuellement en état d'alerte après qu'un homme armé, qui aurait vécu à Dunedin, a tué 50 personnes dans deux mosquées.
Des tirs ont retenti le vendredi 15 mars dans deux mosquées de la ville néo-zélandaise de Christchurch. La police a désamorcé plusieurs explosifs artisanaux découverts dans des véhicules garés à proximité. L'auteur présumé d'au moins l'une de ces fusillades, Brenton Harrison Tarrant, a été inculpé de meurtres et sera maintenu en détention provisoire jusqu'à sa comparution devant la Haute Cour le 5 avril prochain.