Lors de son passage, ce lundi 4 mars, sur les ondes de Radio France internationale (RFI), Aziza Brahim, la chanteuse sahraouie dont un concert prévu pour le 10 mars à l'Institut du monde arabe (IMA) a été annulé, a accusé cette institution d'avoir «cédé à des pressions étrangères». Selon une source citée par RFI, c'est le Maroc qui a fait pression sur les responsables de l'IMA en arguant que l'artiste était une activiste du Front Polisario.
«Cela m'a surpris et cela a surpris beaucoup de gens, parce qu'on parle d'une institution publique française [l'IMA, ndlr] et on parle d'un pays qui est un des piliers de la démocratie en Europe», a déclaré la chanteuse. «Et cela m'a surpris qu'une institution de ce calibre puisse céder à des pressions politiques étrangères alors que l'Institut s'occupe de programmation culturelle», s'est-elle encore étonnée.
Après des contacts sans résultat entre la représentation marocaine et les responsables de l'Institut, l'ambassade du royaume chérifien, selon la même source, a fait «pression sur les mécènes marocains qui financent régulièrement les projets de l'Institut, et qui finissent par menacer l'IMA de se désengager si le concert prévu initialement le 10 mars était maintenu». Une tentative de la part du président de l'IMA, Jack Lang, de convaincre l'ambassade du Maroc a également échouée, a ajouté la source.
Le jeudi 7 février, l'IMA a annoncé sur son site officiel l'annulation du concert d'Aziza Brahim, initialement programmé le 10 mars à 17h30, «pour une raison indépendante de la volonté de l'artiste».
En remplacement de ce concert, la chanteuse a annoncé qu'elle allait se produire le 26 avril dans une autre salle parisienne, le Pan Piper.