Accompagné par le ministre brésilien des Affaires étrangères Ernesto Araujo, le président autoproclamé du Venezuela Juan Guaido est arrivé au palais du Planalto, résidence du Président du Brésil. Bien que Brasilia ait reconnu Guaido comme Président par intérim, il ne s'agissait pas d'une visite d'État et Jair Bolsonaro l'a reçu dans son bureau.
Guaido est venu au Brésil parce que ses positions s'étaient affaiblies après l'échec de sa tentative d'acheminer une aide humanitaire au Venezuela par les frontières colombienne et brésilienne, a déclaré à Sputnik l'historien Rafael Araujo, professeur à l'université de l'État de Rio de Janeiro (UERJ).
«Il a essuyé une défaite samedi dernier. Le jour de l'acheminement de l'aide humanitaire était décisif pour lui, mais cela n'a pas marché. L'aide humanitaire n'est pas arrivée au Venezuela, ayant été bloquée à la frontière par les forces de sécurité vénézuéliennes, et Guaido a perdu cette bataille contre Maduro», a déclaré l'interlocuteur de l'agence.
À l'issue de sa rencontre avec Guaido, Bolsonaro a déclaré devant les journalistes que le Brésil agirait dans le cadre de la loi pour rétablir la démocratie au Venezuela voisin.
Selon l'universitaire, ce rejet par le Brésil d'une éventuelle ingérence militaire au Venezuela a été très important et a même influé sur la position d'autres pays.
«Malgré sa reconnaissance de Guaido et le soutien qu'il lui apporte, le Brésil préfère à présent essayer d'apaiser les passions, y compris aux États-Unis», a relevé M.Araujo.
Selon ce dernier, Washington a même adopté une position en faveur de la souveraineté du Venezuela.
«Les États-Unis et la Russie s'en tiennent évidemment à des positions différentes, mais considèrent le dialogue et la souveraineté à titre d'issue de l'actuelle crise politique profonde pour le Venezuela. […] Et Guaido continue à perdre la "guerre" contre Nicolas Maduro», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
Vendredi, Guaido a quitté Brasilia pour le Paraguay, où il poursuit une tournée destinée à s'assurer des soutiens internationaux.
La crise politique au Venezuela a éclaté quand l'opposant Juan Guaido, renvoyé le 22 janvier du poste de président de l'Assemblée nationale vénézuélienne sur décision de la Cour suprême, s'est autoproclamé le lendemain «Président en exercice du pays» et a prêté serment au cours d'une manifestation. Donald Trump l'a alors reconnu comme «Président par intérim».
Une cinquantaine de pays, dont le Royaume-Uni et l'Allemagne, en ont fait de même. La France l'a également reconnu comme «Président en charge». Le Président Nicolas Maduro a qualifié Juan Guaido de pantin des États-Unis. Des pays tels que la Chine, la Russie, la Turquie ou le Mexique ont quant à eux apporté leur soutien au gouvernement en place.