En réponse à la détermination inébranlable de la Turquie à se doter de systèmes antimissiles russes S-400, les États-Unis pourraient essayer de la frapper économiquement. Aussi, Ankara devrait-il s'y préparer, a estimé dans un entretien accordé à Sputnik le général turc à la retraite Nejat Eslen.
«Nous nous rappelons bien qu'il n'y a pas longtemps le Président américain Trump avait menacé d'"anéantir la Turquie par des sanctions économiques"», a ajouté le militaire.
Selon ce dernier, Washington exerce des pressions sur la Turquie, voulant la retenir dans sa zone d'influence.
«L'Amérique ne veut pas admettre que la Turquie échappe à son contrôle dans le contexte de la formation d'un nouvel ordre mondial. […] Les États-Unis interprètent l'achat de systèmes russes par la Turquie comme l'éloignement de celle-ci du système atlantique et de sa zone d'influence», a précisé le général.
Et d'ajouter que la Turquie était guidée par sa propre représentation de la menace à sa sécurité nationale.
«Par ailleurs, il n'est pas du tout nécessaire d'intégrer les S-400 dans le système de l'Otan, Ankara ayant besoin de systèmes antimissiles russes pour satisfaire les besoins de sa propre défense nationale», a relevé M. Eslen.
Il a rappelé que la Turquie faisait partie de l'Otan et que les États-Unis devraient respecter les décisions qu'elle prenait.
«Et les pressions ne font que contribuer à un rapprochement encore plus étroit de la Turquie avec le bloc eurasiatique. Pourtant, tout porte à croire que Washington ne s'en rend tout simplement pas compte», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
Fin 2017, Ankara a signé avec Moscou un contrat estimé à 2,5 milliards de dollars (2,1 milliards d'euros) pour la livraison des S-400, prévue en juillet 2019. Washington a prévenu Ankara que le contrat conclu avec Moscou pourrait remettre en cause l'achat d'avions de chasse furtifs F-35 à Lockheed Martin et entraîner l'instauration de sanctions américaines. Le Président Erdogan est resté insensible à ces menaces, déclarant que la Turquie ne reviendrait pas sur sa décision d'acheter des missiles sol-air S-400 à la Russie, en dépit des pressions des États-Unis.