Le gouvernement vénézuélien a toujours cru en la force du dialogue et de la politique sans croire en celle de la guerre et sans opter pour cette dernière, a déclaré à Sputnik Luis Mora, président du Conseil législatif de l'État de Táchira, dans le nord-ouest du Venezuela, précisant que l'émotion est vive depuis l'arrivée d'un convoi d'aide humanitaire de crainte que cela ne serve de prétexte pour une intervention militaire étrangère.
«Nous optons pour le dialogue et croyons dans les perspectives» qui peuvent s'ouvrir lors de la réunion du Groupe de contact international sur le Venezuela, rassemblé à Montevideo, a indiqué l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter que les Vénézuéliens y plaçaient de grands espoirs.
«Nous avons de grands espoirs et nous nous attendons à ce que le monde se tourne enfin vers le Venezuela. Le monde entier observe les difficultés de la vie quotidienne au Venezuela, mais en oublie […] les causes», a poursuivi M. Mora, membre du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV, pro-gouvernemental).
Il a admis que le pays manquait effectivement de beaucoup de choses.
«Il y a là une pénurie de nourriture, c'est vrai. Il n'y a pas de médicaments, c'est vrai. Mais pourquoi? Parce qu'on ne nous a pas permis d'en importer. Nous sommes bloqués, on ferme la voie à nos navires, on ne laisse pas les banques verser au Venezuela l'argent qui lui est dû, alors qu'il s'agit de milliards de dollars», a expliqué ce dirigeant bolivarien.
Et de rappeler qu'il existait des pays tels que «la Colombie, dont le gouvernement ne veut pas voir plus loin de ce que peut signifier la guerre».
Le président du Conseil législatif de l'État de Táchira a démenti les rumeurs selon lesquelles une aide humanitaire en provenance de ce pays aurait déjà commencé à entrer au Venezuela. Il a assuré que la société vénézuélienne se rendait parfaitement bien compte de la situation actuelle et des causes à son origine.
Selon M.Mora, par leurs discours enflammés, des orateurs à l'étranger s'appliquent à faire en sorte que les Vénézuéliens se ruent sur les ponts afin de gagner les «caisses d'aide humanitaire», pour que le monde le voie, mais il n'y en aura rien.
«Le peuple comprend et sait ce qui est arrivé notamment en Syrie et en Irak. Il sait qu'on parlait alors d'une aide humanitaire… mais ce n'est que le cheval de Troie qui sera suivi de balles et de bombes», a-t-il relevé.
Le Vénézuélien estime qu'il est très facile d'aider son pays.
«Qu'on lève les sanctions économiques et financières, qu'on nous rende notre argent bloqué dans les banques internationales pour que nous puissions acheter des médicaments et de la nourriture pour notre peuple. Nous optons toujours pour un règlement politique négocié, pour le consensus. Dès le départ, le peuple du Venezuela possède l'héritage des combattants pour la liberté que nous avons toujours. Nous avons cet héritage dans notre sang. Nous n'attendons pas et ne voulons pas que cela arrive, mais si cela arrive, comme cela est déjà arrivé, la Patrie se défendra», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
La République bolivarienne connaît une crise économique sans précédent assortie de violentes tensions politiques. L'opposant Juan Guaido s'est autoproclamé Président en exercice du pays et a prêté serment le 23 février pendant une manifestation à Caracas.
Donald Trump l'a reconnu comme Président par intérim. Par la suite, dans une interview accordée à la chaîne CBS, le chef d'État a indiqué ne pas exclure l'envoi de soldats américains au Venezuela.
La Russie estime pour sa part qu'une éventuelle intervention militaire au Venezuela serait lourde de conséquences qui iraient bien au-delà de ses frontières.