Les Démocrates cherchent à priver Trump d'accès au «bouton rouge»

© AFP 2024 Alexander NemenovLe bouton rouge
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Le parti démocrate américain a l'intention de modifier la stratégie nucléaire du pays - c'est en tout cas ce que suggère l'initiative déposée à la Chambre des représentants préconisant que l'Amérique perde son droit de lancer en premier une frappe nucléaire en cas de conflit potentiel avec un autre État.

La présentation du projet de loi sur l'abandon par les USA du droit de lancer en premier une frappe nucléaire a pratiquement coïncidé avec les négociations multilatérales sur le régime de non-prolifération à Pékin, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

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Barack Obama aurait utilisé le «bouton rouge» de façon inhabituelle
L'initiative en question a été avancée par la sénatrice Elizabeth Warren et le congressiste Adam Smith, du parti démocrate.

«La nouvelle politique des États-Unis consistera à ce que les USA ne soient pas les premiers à utiliser l'arme nucléaire. La stratégie nucléaire actuelle n'est pas simplement obsolète, elle est tout simplement dangereuse», indique le communiqué conjoint des deux élus démocrates.

Le texte du projet de loi stipule que le «concept de dissuasion nucléaire doit être l'unique raison de l'existence d'un arsenal (nucléaire), et ce projet de loi réduirait la probabilité d'erreurs tout en préservant le leadership moral et diplomatique des États-Unis dans le monde». L'initiative, déjà présentée par Adam Smith en novembre 2017, est nécessaire, selon ses auteurs, pour réduire la menace portant sur la sécurité nationale en supprimant la probabilité d'une erreur de calcul «nucléaire».

D'après le journal politique américain The Hill, le 44e Président américain, Barack Obama, songeait à changer la politique américaine dans le secteur nucléaire, mais a ensuite abandonné cette idée: ses conseillers supposaient que les adversaires de l'Amérique seraient rassurés si elle se privait du droit de frapper en premier. Selon le Washington Post, le projet de loi de Warren et Smith a toutes les chances d'être adopté par la Chambre des représentants, qui est contrôlée par les Démocrates, mais risque de ne pas réunir le nombre de voix nécessaire au Sénat.

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Les médias dévoilent le mystère du «bouton rouge» sur la table de Trump
De plus, Donald Trump pourrait utiliser son droit de veto si les sénateurs décidaient tout de même de dire oui à ce projet de loi. Pendant la campagne de 2016, l'ex-candidate à la présidence Hillary Clinton et les Démocrates avaient mis l'accent sur le fait que le contrôle du «bouton rouge» ne pouvait pas être confié à Donald Trump, dont le tempérament pouvait le pousser à prendre des décisions irréfléchies.

Toutefois, la déclaration de la sous-secrétaire d'État américaine Andrea Thompson, qui a participé à la réunion des représentants du «quintet nucléaire» à Pékin consacrée aux différents aspects du régime de non-prolifération, indique que la doctrine américaine a peu de chance de devenir «végétarienne».

«Les USA doivent disposer de forces de dissuasion nucléaire modernes, fiables et durables», a-t-elle déclaré, tout en attirant l'attention sur le fait qu'actuellement le gouvernement américain ne travaillait pas à la création de nouveaux modèles d'armes de destruction massive. «Nous ne créons pas une nouvelle arme ni ne cherchons de cibles nucléaires sur la planète. Les États-Unis restent totalement attachés à leurs engagements en matière de non-prolifération de l'arme nucléaire», a ajouté Andrea Thompson.

Jean de Gliniasty, ambassadeur de France à Moscou de mai 2009 à octobre 2013 - Sputnik Afrique
Fin du traité FNI: «mauvaise nouvelle» pour la sécurité de l’UE, dit un diplomate français
La Russie était représentée à Pékin par le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, qui a eu des pourparlers difficiles avec son homologue américaine sur le sort du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI). «Nous n'avons pas avancé. Nous ne le constatons pas simplement avec regret, mais avec une profonde préoccupation pour le sort du traité, pour le sort de la sécurité internationale européenne, parce qu'à présent nous comprenons que commence l'étape suivante, la phase suivante, celle de la suspension par les USA de leurs engagements dans le cadre du traité FNI», a déclaré le diplomate russe, à l'issue de l'entretien avec son homologue américaine.

D'après Sergueï Riabkov, lors des pourparlers, Andrea Thompson n'a pas réagi aux préoccupations russes concernant le traité FNI. «Évidemment, il n'y a aucune réaction à nos revendications concernant les systèmes de lancement universels dans le cadre des dispositifs Aegis Ashore déjà déployés en Roumanie, et qui feront bientôt leur apparition en Pologne. Il n'y a aucun progrès non plus sur nos deux autres préoccupations: l'usage de missiles-cibles par les USA, dont les caractéristiques sont pratiquement identiques aux missiles de moyenne portée; et pas de progrès non plus sur les drones», a déclaré le vice-ministre russe.

Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev signent le Traité FNI à Washington (8 décembre 1987) - Sputnik Afrique
«L’abandon du FNI par les États-Unis détruit le système de sécurité en Europe»
La préservation du traité était importante pour la sécurité de l'Europe de l'Est. C'est pourquoi on ne peut pas dire que les alliés européens des USA soient satisfaits par la décision de Donald Trump de se retirer du traité. Ni par ses questions permanentes sur la suspension de la participation des USA à l'Otan dont parlent des sources anonymes de la Maison-Blanche. Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a déclaré à Bruxelles que l'Alliance devait se préparer à un «monde sans traité FNI», parce qu'il n'existe aucune chance de progrès. 

Selon les experts, le projet de loi de Warren et Smith reflète l'aspiration de longue date de l'establishment américain à restreindre les actions du Président américain. «La proposition [de renoncer à ce que les USA frappent en premier en cas de conflit] vise plutôt la doctrine de la politique étrangère américaine sur l'usage des forces stratégiques, qui parle des objectifs stratégiques des USA et de leurs actions dans différentes situations», a déclaré Iouri Rogoulev, directeur du Fonds d'études des USA Franklin Roosevelt auprès de l'université d'État Lomonossov de Moscou. Et de conclure: «Je ne pense pas qu'il s'agisse du bouton rouge. Mais en proposant de tels projets liés à la politique stratégique, militaire ou étrangère, le Congrès cherche évidemment à imposer des limites qu'il sera plus difficile pour le Président de franchir.»

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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