Mieux vaut tard que jamais? Paris déclenche un «plan Brexit sans accord» 70 jours avant

© AP Photo / Francois MoriBritish Prime Minister Theresa May is welcomed by French President Emmanuel Macron before a lunch at the Elysee Palace in Paris, Tuesday, Dec. 12, 2017
British Prime Minister Theresa May is welcomed by French President Emmanuel Macron before a lunch at the Elysee Palace in Paris, Tuesday, Dec. 12, 2017 - Sputnik Afrique
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Le parlement britannique a refusé d'entériner le plan de sortie de l'UE et a déclenché un vent de panique dans les milieux politiques et économiques européens. L'ombre d'un «Hard Brexit» plane et, en France, ni les entreprises ni les pouvoirs publics ne semblent préparés à une telle hypothèse.

Le Brexit sauvage, sans accord, devient de plus en plus vraisemblable et les acteurs économiques commencent à réagir en conséquence. Au lendemain du rejet du plan de sortie de l'Union européenne par le parlement britannique, les milieux d'affaires français et allemands ont, à l'image des États membres, manifesté leur préoccupation et intensifié les préparatifs en cas de no-deal.

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Car, dans ce cas de figure, le Royaume-Uni deviendrait le 29 mars un pays tiers, avec lequel les relations commerciales seraient régies par les clauses de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Un tel changement aurait de nombreuses répercussions, puisqu'il impliquerait la mise en place de contrôles douaniers dans les ports, qui eux-mêmes congestionneraient les infrastructures entre la France et la Grande-Bretagne. Sans compter les nouveaux droits de douane, qui rendraient plus chers —et donc moins compétitifs- les produits français outre-Manche.

C'est pourquoi, en France, le MEDEF, principal syndicat patronal, a publié un communiqué dans lequel son président déplore la débâcle historique infligée le 15 janvier dernier à Theresa May, lorsque 432 des 650 députés de Westminster ont rejeté l'accord sur le Brexit proposé par le gouvernement. Un vote qui «ajoute de l'incertitude à l'incertitude» et qui oblige les entreprises françaises à envisager une rupture totale et instantanée avec leurs homologues britanniques.

«Face au Brexit, la seule urgence pour nous est d'accélérer la préparation des entreprises au pire scénario, même si le pire n'est pas sûr», a écrit Geoffroy Roux de Bézieux dans le communiqué du MEDEF.

Une rupture peu évidente à envisager, tant les économies sont intégrées. Selon président du MEDEF, plus de 300.000 Français travaillent actuellement au Royaume-Uni; un chiffre bien trop important pour qu'il puisse être absorbé par le marché de l'emploi français. Et sans accord, rien ne garantit aux Européens expatriés en Grande-Bretagne que leurs droits seront respectés.

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Au-delà des problèmes qui se poseraient aux citoyens, ce sont bien les conséquences économiques qui inquiètent. Comment la France pourrait-elle, du jour au lendemain, compenser un éventuel arrêt de ses exportations en direction du Royaume-Uni, alors que ce dernier était en 2017 le 5e client de la France et représentait 6,7% des exportations totales?

Une question d'autant plus légitime que le gouvernement ne semble pas du tout préparé à l'éventualité d'une sortie «désordonnée», si ce n'est «sauvage», de Londres du club européen. En novembre dernier, déjà, Gérald Darmanin se déclarait «très inquiet» quant à l'état de préparation des entreprises françaises concernant un Brexit sans accord. Malgré cela, il aura fallu attendre un cataclysme politique outre-Manche pour qu'Édouard Philippe annonce enfin, le 17 janvier, que le gouvernement français «déclenche son plan Brexit sans accord».

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Contacté par l'AFP, le ministère de l'Économie a néanmoins assuré avoir anticipé une sortie du Royaume-Uni sans accord le 29 mars prochain. Une information qui se veut rassurante, mais qui ne dit rien du travail d'anticipation de l'État, puisque Bercy s'est contenté d'annoncer le recrutement de «700 douaniers supplémentaires, dont 500 seront mis à pied d'œuvre dès le 29 mars» si nécessaire.

Le Royaume-Uni était en 2017 le sixième partenaire économique de la France. Il représentait 6,7% des exportations et 5,2% des importations françaises, soit près de 60 milliards d'euros de biens échangés, avec une balance commerciale favorable à Paris. Au vu du poids que représente la Grande-Bretagne dans l'économie française, il est inquiétant de voir que le «plan Brexit sans accord» du gouvernement a été déclenché à peine 70 jours avant la date officielle du fameux Brexit, le 29 mars prochain.

 

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