Le Brexit sauvage, sans accord, devient de plus en plus vraisemblable et les acteurs économiques commencent à réagir en conséquence. Au lendemain du rejet du plan de sortie de l'Union européenne par le parlement britannique, les milieux d'affaires français et allemands ont, à l'image des États membres, manifesté leur préoccupation et intensifié les préparatifs en cas de no-deal.
C'est pourquoi, en France, le MEDEF, principal syndicat patronal, a publié un communiqué dans lequel son président déplore la débâcle historique infligée le 15 janvier dernier à Theresa May, lorsque 432 des 650 députés de Westminster ont rejeté l'accord sur le Brexit proposé par le gouvernement. Un vote qui «ajoute de l'incertitude à l'incertitude» et qui oblige les entreprises françaises à envisager une rupture totale et instantanée avec leurs homologues britanniques.
«Face au Brexit, la seule urgence pour nous est d'accélérer la préparation des entreprises au pire scénario, même si le pire n'est pas sûr», a écrit Geoffroy Roux de Bézieux dans le communiqué du MEDEF.
Une rupture peu évidente à envisager, tant les économies sont intégrées. Selon président du MEDEF, plus de 300.000 Français travaillent actuellement au Royaume-Uni; un chiffre bien trop important pour qu'il puisse être absorbé par le marché de l'emploi français. Et sans accord, rien ne garantit aux Européens expatriés en Grande-Bretagne que leurs droits seront respectés.
Une question d'autant plus légitime que le gouvernement ne semble pas du tout préparé à l'éventualité d'une sortie «désordonnée», si ce n'est «sauvage», de Londres du club européen. En novembre dernier, déjà, Gérald Darmanin se déclarait «très inquiet» quant à l'état de préparation des entreprises françaises concernant un Brexit sans accord. Malgré cela, il aura fallu attendre un cataclysme politique outre-Manche pour qu'Édouard Philippe annonce enfin, le 17 janvier, que le gouvernement français «déclenche son plan Brexit sans accord».
Le Royaume-Uni était en 2017 le sixième partenaire économique de la France. Il représentait 6,7% des exportations et 5,2% des importations françaises, soit près de 60 milliards d'euros de biens échangés, avec une balance commerciale favorable à Paris. Au vu du poids que représente la Grande-Bretagne dans l'économie française, il est inquiétant de voir que le «plan Brexit sans accord» du gouvernement a été déclenché à peine 70 jours avant la date officielle du fameux Brexit, le 29 mars prochain.