Theresa May a survécu le 11 décembre dernier à un vote de défiance, provoqué par 48 députés du parti conservateur qui contestaient son autorité, après que cette dernière ait reporté sine die le vote du parlement sur le Brexit. Si 200 députés Tories ont soutenu le Premier ministre, 117 ne lui ont pas octroyé leur confiance, ce qui fragilise politiquement la «Brexit lady», incapable de rassembler les soutiens suffisants pour faire voter son plan de sortie de l'Union européenne.
Le résultat des élections législatives anticipées du 8 juin 2017, qui ont vu le parti tory perdre 12 sièges et sa majorité, a été l'un des premiers revers subis par la locataire du 10, Downing Street, qui n'a pas perdu pour autant le soutien de l'Union européenne. Dix jours plus tard, lors du lancement officiel des négociations sur le Brexit et alors que son alliance avec les unionistes nord-irlandais du DUP venait d'être annoncée, Michel Barnier, représentant des 27 membres de l'UE, avait salué «l'esprit constructif» de la dirigeante britannique et lui avait réitéré son soutien.
Durant l'été, plusieurs dirigeants de l'Union européenne ont fait des déclarations plutôt conciliantes à l'égard de Theresa May, fragilisée par sa courte majorité, l'alliance entre Tories et DUP ne rassemblant que 328 des 650 membres du Parlement britannique. En août 2017, le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, l'un des principaux interlocuteurs de Theresa May en ce qui concerne le Brexit, déclarait vouloir «bâtir des ponts, pas des frontières» avec Belfast, quelques jours avant que le ministre des Affaires étrangères espagnol réaffirme que son pays ne conditionnerait pas «un accord [sur le Brexit, ndlr] à la récupération de la souveraineté sur Gibraltar». Puis, en septembre, c'est Emmanuel Macron qui a salué les «avancées» et les «ouvertures» du Premier ministre britannique. Autant de déclarations visant à asseoir la légitimité de Theresa May alors que cette dernière était contestée dans son pays.
La «Brexit Lady» a ensuite subi un nouveau camouflet en juillet 2018, lorsque Boris Johnson et David Davis, respectivement ministres des Affaires étrangères et du Brexit, ont présenté leur démission. En cause, leur opposition au plan de sortie de l'Union européenne adopté quelques jours avant: le «plan Chequers», qui entérinait la clause de sauvegarde pour l'Irlande, le fameux «backstop».
Fragilisée une fois de plus sur la scène politique intérieure, Theresa May a pu à nouveau compter sur le soutien de l'Union européenne, même si celui-ci s'est exprimé moins fortement que les fois précédentes. Tout au long du mois d'août, Theresa May a rencontré d'autres dirigeants européens, comme lors de sa réunion avec Emmanuel Macron à Brégançon, tandis que son ministre responsable du Brexit, Dominic Raab, a mené à bien des rencontres multilatérales à Bruxelles. Résultat: Michel Barnier a déclaré, le 29 août dernier au cours d'une rencontre avec le ministre des Affaires étrangères allemand que
«[Les 27 États membres de l'UE] sont prêts à proposer un partenariat comme jamais il n'y en a eu avec aucun pays tiers.»