La Russie est montée sur le podium des économies émergentes, selon le classement de Bloomberg. Elle y est entourée des pays de la région Asie-Pacifique, traditionnellement en tête de la croissance économique parmi les marchés émergents. La Malaisie reste en première position, la suivent la Russie et la Chine. À la dernière et 20e place se situe la Turquie, qui était 5e en 2017 — deux places au-dessus de la Russie.
Dans ce sens, ce nouveau classement peut être considéré comme un moment charnière dans l'habitude qu'ont les analystes occidentaux d'évaluer l'économie russe en fonction de la pression des sanctions croissante sur le pays.
L'amélioration du climat d'affaires en Russie est également reconnue par les experts de la Banque mondiale. Cette année, le pays est passé de la 35e à la 31e position au classement Doing Business, alors qu'il y a seulement six ans la Russie était encore 120e.
La croissance économique actuelle dans le pays serait un phénomène à long terme. Parmi les différents indicateurs économiques, cette thèse est particulièrement confirmée par les statistiques des investissements dans le capital de base.
«En dépit des tentatives de pression extérieure et des difficultés intérieures connues, les entreprises russes dressent des plans à long terme et accroissent les investissements dans le développement. Le montant des investissements dans le capital de base a augmenté de 4,1% en neuf mois. Cet optimisme des investisseurs est un indicateur important de la confiance du monde des affaires, et l'apprécions grandement. Nous allons soutenir de telles dispositions», a fait savoir Vladimir Poutine récemment.
Les guerres commerciales déclenchées par Washington contre la Chine auraient également facilité l'accès des produits russes aux marchés chinois, et aujourd'hui les échanges entre Pékin et Moscou augmentent à une vitesse record. Les sanctions américaines contre la Turquie ont intensifié les relations économiques entre Moscou et Ankara, comme l'indique toute une série de contrats dans l'armement, l'énergie, ou encore les produits agricoles et alimentaires.
La ligne visant la dédollarisation a joué un rôle important dans la création de nouvelles fondations économiques. Et même si certains experts affirmaient que le pays ne parviendrait pas à atteindre l'objectif fixé, l'automne 2018 a montré une réalité complètement différente.
Début octobre, le patron de Vnechekonombank Igor Chouvalov a annoncé qu'un accord sur les paiements en monnaies nationales pourrait être signé entre Moscou et Pékin «d'ici la fin de l'année».
Les entreprises se sont jointes à ce processus encore plus tôt. Selon la Banque centrale, les banques ont acheté une quantité record de devise européenne depuis 2014 — l'équivalent de 2,1 milliards de dollars — afin de garantir les besoins des compagnies russes.
Cet intérêt pour les paiements dans toutes les monnaies sauf le dollar peut s'expliquer par le risque de nouvelles sanctions américaines qui pourraient limiter les banques en matière de paiements en dollars et interdire aux investisseurs américains d'acheter des obligations publiques russes.
C'est pourquoi le ministère russe des Finances a également décidé de renoncer aux obligations en dollars. Fin novembre, le ministère a émis des obligations pour 1 milliard d'euros — et la demande a dépassé l'offre.
L'an prochain, la ligne de dédollarisation des emprunts extérieurs sera maintenue. Selon Konstantin Vychkovski, directeur du département de la dette publique et des actifs publics financiers du ministère des Finances, il est prévu d'émettre des obligations en yuans en 2019.
Les pays européens semblent vouloir emprunter la même voie que la Russie. Début décembre, la Commission européenne a décidé d'affaiblir l'influence du dollar dans le secteur énergétique en préparant des mesures visant à remplacer le dollar par l'euro dans les paiements avec les fournisseurs d'hydrocarbures et de matières premières.