L'état d'inertie et de flou qui caractérise la scène politique algérienne à l'approche de l'élection présidentielle d'avril 2019, entretenu en particulier par le silence du Président sortant, Abdelaziz Bouteflika, quant à son éventuelle candidature, a amené certains grands partis politique à avancer l'idée d'un report de cette élection et d'une prorogation du mandat actuel du chef de l'État algérien. S'exprimant sur cette éventualité, Fatiha Benabbou, juriste spécialisée en droit constitutionnel, dans une déclaration à TSA, le 5 décembre, a soulevé l'impossibilité d'une telle option du point de vue de la Constitution.
«Jamais. Le report de l'élection présidentielle ne peut se faire qu'en temps de guerre», a déclaré la juriste. Selon elle, c'est l'article 110 de la Constitution qui définit clairement cette situation: «pendant toute la durée de l'état de guerre, la Constitution est suspendue, le président de la République assume tous les pouvoirs. Lorsque le mandat du président de la République vient à expiration, il est prorogé de plein droit jusqu'à la fin de la guerre».
Mettant en garde la classe politique algérienne quant aux risques incalculables d'une mise entre parenthèses de la Constitution de la République sur la stabilité politique du pays, Mme Benabbou a ajouté: «je me pose une question: qui voudrait plonger l'Algérie dans une phase de perturbations parce que là, l'instance la plus prééminente de la Constitution, qui est le président de la République, ne jouirait plus de la légitimité constitutionnelle?».
Trois des partis de l'alliance présidentielle, à savoir le FLN, le TAJ et le MPA, ont tous appelé à la continuité de l'œuvre du Président Bouteflika, sans appuyer clairement l'idée d'un cinquième mandat. Quant au MSP, son président a soutenu l'idée du report de l'élection présidentielle, ce qui sous-entend une prolongation du mandat actuel du chef de l'État.