Guerre au Yémen: l’Onu à Sanaa, les Émirats en France, la paix en vue?

© AP Photo / Hani MohammedDes Houthis au Yémen
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La guerre au Yémen est de nouveau au centre de l'attention médiatique. Ce mercredi 21 novembre, l'émissaire de l'ONU est à Sanaa pour relancer les efforts de paix et Emmanuel Macron reçoit le prince héritier des Émirats arabes unis. Conjugué à cela la crise diplomatique de Riyad, peut-on imaginer que la fin de la guerre au Yémen soit proche?

L'Onu tente de relancer les pourparlers de paix au Yémen, ravagé par des années de guerre entre les rebelles Houthis et le gouvernement yéménite, soutenu par une coalition menée par l'Arabie saoudite.

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Martin Griffiths, l'envoyé spécial des Nations unies pour le Yémen, rencontre ce 21 novembre les dirigeants des Houthis. Le but est de se rapprocher d'un cessez-le-feu alors que Hodeïda est toujours la proie d'âpres combats. Au centre de cette guerre depuis juin dernier, cette ville est toujours tenue par les rebelles. Mais après l'aéroport, ces derniers risquent de perdent l'accès au port —le dernier qu'ils détiennent- principal porte d'entrée de l'aide humanitaire pour un peuple risquant une «famine de masse».

Alors qu'ils ont enregistré de nombreuses victoires depuis trois ans, les rebelles sont sur la défensive. Et la perte de cet accès stratégique à la mer Rouge pourrait être fatale à leur cause. Ainsi, les commandants Houthis se déclarent depuis le 19 novembre prêts à négocier un cessez-le-feu si la coalition veut la paix.

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Mais les autres belligérants veulent-ils vraiment la paix? Du côté de l'Onu, si Martin Griffiths devait discuter avec les rebelles, aucune information n'a filtré quant à une rencontre avec le gouvernement yéménite contesté. Ce dernier pourrait choisir de poursuivre les combats, d'affaiblir ses ennemis avant de se mettre à la table des négociations. Mais sa puissance militaire dépendant totalement des forces de ses alliés, c'est bien vers les pays de la coalition que les regards sont tournés.

Rappelons que si cette coalition regroupe une dizaine de pays, elle est sous l'égide de l'Arabie saoudite et de son voisin les Émirats arabes unis.

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Le premier vit une phase tendue sur le plan international. Si le non-respect des droits de l'homme dans le royaume n'est pas un critère suffisant pour que la communauté internationale exerce une forte pression sur Riyad —malgré la nouvelle dénonciation de torture par Amnesty International- l'affaire Khashoggi a ébranlé le prince héritier Mohammed ben Salmane Al Saoud, dit MBS, commandant en chef des armées qui sévissent au Yémen. Le meurtre du journaliste a fait grand bruit et pourrait menacer le pouvoir même de MBS. Cependant, la famille Saoud, à la tête de l'État depuis sa création, n'est pas contestée et l'heure n'est pas à un retournement d'alliances de la part des grandes puissances, notamment des États-Unis: Trump a ainsi réaffirmé ce 21 novembre que son pays restera un allié privilégié de l'Arabie saoudite.

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Mais ce scandale très médiatisé, surtout au regard de la couverture plus modeste de la guerre au Yémen, semble avoir eu un impact direct sur ce terrible conflit. En effet, au plus fort de cette affaire au retentissement mondial, les États-Unis et la France, deux des principaux alliés du Royaume saoudien, ont manifesté- et pour la première fois- leur volonté de voir s'arrêter les affrontements au Yémen, en visant directement l'offensive saoudienne. La pression est en effet réelle depuis le 30 octobre, où James Mattis, Mike Pompeo et Florence Parly ont tour à tour exhorté les belligérants à cesser les combats, le premier Secrétaire d'État à la Défense, incitant même les acteurs à négocier une «paix sous 30 jours».

Le sablier s'écoulant et l'échéance advenant, pourrait-on imaginer un cessez-le-feu avant la fin du mois de novembre?

Dans ce contexte bien particulier, un autre épisode tend à rendre possible cette discussion de paix. En effet, le prince héritier des Émirats arabes unis- l'autre grande puissance de la coalition dans la guerre au Yémen- est à l'Élysée ce mercredi. Réel homme fort de l'État fédéral —son demi-frère, l'actuel émir, étant en retrait depuis un accident vasculaire survenu en 2014- Mohammed ben Zayed al-Nahyane (MBZ) doit déjeuner et s'entretenir avec Emmanuel Macron. Si les intérêts bilatéraux seront, bien évidemment discutés, le conflit yéménite devrait être l'épicentre de leur rencontre.

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Bien qu'il n'a cessé d'éluder le sujet, le contexte actuel (affaire Khashoggi et nouvelle offensive à Hodeïda) et les pressions parlementaires et associatives au sujet des ventes d'armes à l'Arabie saoudite et aux Émirats, devraient pousser le chef de l'État à convaincre son allié de se rendre à la table des négociations.

À moins, qu'une nouvelle fois les intérêts économiques et stratégiques —la France ayant une base militaire à Abou Dhabi- ne passent au-dessus des milliers de victimes civiles de la guerre au Yémen ou que MBZ ne prenne prétexte de la plainte qui le vise pour crimes de guerre au Yémen pour fermer la porte à toutes discussions sur le sujet.

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