Les États-Unis, qui ont annoncé le 20 octobre leur retrait du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), montrent ainsi leur intention de relancer la course aux armements et c’est la sécurité en Europe qui en pâtira la première, a déclaré vendredi à Sputnik Alexeï Pouchkov, membre de la commission provisoire du Conseil de la Fédération (chambre haute au parlement russe) pour la politique de l’information.
«Des négociations […] permettraient d’élaborer un nouveau traité ou de moderniser le document actuel […]. Mais les États-Unis disent qu’ils veulent se retirer du Traité FNI. Cela montre qu’ils ne veulent pas se mettre d’accord sur la limitation de ces systèmes d’armements, mais avoir les mains libres», a indiqué M.Pouchkov.
«L’Europe redeviendra un continent où des missiles se cibleront les uns les autres. Et c’est l’Europe qui en pâtira et non les États-Unis […]. Toutes les puissances européennes doivent le comprendre et s’opposer à la décision du Président Trump», a noté M.Pouchkov.
Il a rappelé que l’Allemagne avait déjà exprimé son désaccord avec le projet américain de saper le Traité FNI qui concerne «l’Allemagne, la France et d’autres pays européens. Les États-Unis n’ont pas le droit de prendre cette décision seuls».
En 2001, les États-Unis se sont retirés du Traité ABM. En cas de retrait du Traité FNI, il ne restera que le traité START III qui expire en 2021. Le monde risque de se retrouver à l’époque de la guerre froide des années 1950-1960 où «aucune entente ne freinait la course incontrôlée aux armements».
«Les États-Unis avancent sur la voie de la destruction des ententes qui ont constitué la base du système de stabilité stratégique internationale […]. S’ils se retirent des trois traités, nous nous retrouverons dans une situation où une nouvelle "crise des missiles de Cuba" deviendrait possible», a insisté M.Pouchkov.
Signé le 8 décembre 1987 par le Président Ronald Reagan et le secrétaire général du Parti communiste d'Union soviétique Mikhaïl Gorbatchev, le Traité FNI visait à détruire en trois ans les missiles d'une portée de 500 à 5.500 km. En 1991, les conditions prévues par l'accord ont été remplies: Moscou a détruit plus de 1.700 missiles balistiques et de croisière basés au sol, et Washington 859. Conclu pour une durée indéterminée, le Traité permet à chacune des parties de le quitter en justifiant l'indispensabilité de son retrait.