Comme prévu et en contradiction flagrante avec les dispositions de la Constitution algérienne, les députés de la majorité parlementaire, dite également alliance présidentielle, ont élu, le 24 octobre, en séance plénière le député Mouad Bouchareb, issu du Front de libération nationale (FLN), comme président de l'Assemblée nationale populaire (APN) en remplacement de Saïd Bouhadja, après avoir constaté la vacance du poste. Pour Fatiha Benabbou, constitutionnaliste et professeure de droit à l'université d'Alger, cette élection est bien partie pour provoquer une crise institutionnelle en Algérie.
«C'est une situation délirante», a déclaré la spécialiste à l'AFP. Selon elle, Saïd Bouhadja est toujours «légalement le président » de l'APN, car le constat de vacance «n'a pas été établi juridiquement selon les règles». «Nous risquons de nous retrouver avec deux présidents» à l'Assemblée nationale, «un président légal et un président de fait», a-t-elle mis en garde.
Pour sa part, Saïd Bouhadja, lui-même membre du FLN, a affirmé qu'il «demeure le président légal et légitime de l'APN» et dénoncé une «atteinte» à «l'État de droit», à «la séparation des pouvoirs» et au «respect des institutions».
Ce qui a poussé les députés de la majorité à provoquer la crise au parlement algérien et à tenter d'évincer son président est leur doute quant à un cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika, a déclaré, le 17 octobre, Abdelaziz Rahabi, ancien ministre algérien de l'Information, dans un entretien accordé au journal arabophone El Khabar. L'ancien ministre a également émis des doutes quant aux dessous de l'opération mains propres ayant visé dernièrement de hauts gradés de l'armée.