Ricardo Gutiérrez, Secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes (FEJ), a accordé à Sputnik une interview consacrée à la détention en Ukraine, depuis exactement cent jours, du reporter russe Kirill Vychinski, rédacteur en chef de l'agence RIA Novosti Ukraine, qui possède également la citoyenneté ukrainienne.
«Rien n'a changé dans notre perception de cette affaire depuis qu'on a dénoncé cette violation de la liberté de la presse. L'arrestation est survenue le 15 mai dernier. Dès le 16 mai, nous avons déposé une alerte sur la plateforme du Conseil de l'Europe de la protection des journalistes. Notre point de vue n'a pas changé. On continue à considérer que cette détention est un acte totalement disproportionné», a-t-il déclaré.
Il a précisé que le cas de Kirill Vychinski était enregistré officiellement et que la FEJ mettait la pression sur les pays concernés en vue de la libération de ces journalistes.
Il a fait remarquer que le gouvernement ukrainien avait donné une réponse à l'alerte qui lui a été adressée pour tenter «de justifier cette détention par une série d'éléments factuels, mais qui reposent sur le travail journalistique de Vychinski et de ses collègues».
«On lui reproche d'avoir couvert un referendum en Crimée. Mais c'est le travail de tout journaliste qui se respecte, a poursuivi Ricardo Gutiérrez. On voit bien à travers cette réponse que le travail journalistique de Vychinski ne convenait pas aux autorités ukrainiennes, et pour cette raison, elles ont estimé qu'il fallait l'accuser de haute trahison et l'emprisonner.»
Il a souligné que cette réponse du gouvernement ukrainien n'était pas susceptible de convaincre la FEJ.
«Nous restons sur notre position initiale: Vychinski doit être libéré», a-t-il dit.
«Nous continuons à revendiquer sa libération, comme nous revendiquons la libération des 131 journalistes qui sont aujourd'hui malheureusement derrière les barreaux en Europe […] La plupart de ces journalistes sont en prison juste pour avoir fait leur travail», a-t-il constaté.
Ricardo Gutiérrez a rappelé qu'en cas de détention abusive de journalistes, celle-ci était dénoncée.
«C'est ce qu'on a fait pour Vychinski, dès le lendemain on a déposé cette alerte», a-t-il noté, ajoutant que la FEJ avait été rejointe par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF).
Ce 24 août, 100 jours se sont écoulés depuis l'arrestation du rédacteur en chef de l'agence RIA Novosti Ukraine, Kirill Vychinski, qui est accusé par Kiev de soutenir les républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk et de haute trahison. La partie ukrainienne ne permet aucun contact avec le consulat de Russie, prétextant que le journaliste est citoyen d'Ukraine. Le ministère russe a qualifié cette attitude d'arbitraire, tandis que le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré que c'était «inacceptable». L'ambassade de Russie a soumis au ministère ukrainien des Affaires étrangères deux notes exigeant de cesser les violences contre ce représentant des médias.
Le 15 mai, plusieurs agents du Service de sécurité d'Ukraine (SBU) avaient fait irruption dans les locaux abritant l'agence de presse russe RIA Novosti Ukraine à Kiev. L'intervention du SBU est survenue quelques heures après l'arrestation de Kirill Vychinski, chef du site RIA Novosti Ukraine, qui a la double nationalité russe et ukrainienne, sous l'inculpation de haute trahison pour laquelle il risque une peine de prison allant jusqu'à 15 ans. Le 17 mai, le tribunal de la ville ukrainienne de Kherson a prononcé sa mise en détention provisoire de deux mois et le 11 juillet dernier, il a prorogé les délais jusqu'au 13 septembre, mais la cour d'appel les a réduits au 8 septembre.
Les réseaux sociaux ont condamné cette violation des droits des journalistes avec le hashtag #TruthNotTreason.