Le système actuel des relations internationales a subi une fracture qui entraîne la mise en place de nouveaux centres de gravité, a déclaré dans une interview au magazine Mejdounarodnaya jizn (Vie internationale) Valentina Matvienko, présidente du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe).
«Je voudrais attirer l'attention sur une tendance qui n'est pas toujours mise en évidence ni correctement évaluée: c'est l'échec évident de ce que l'on appelle l'ordre mondial libéral», a-t-elle souligné.
«Je parle de principes de base comme l'humanité, la liberté d'expression, d'opinion et d'information, ainsi que de la tolérance», a-t-elle poursuivi, ajoutant qu'ils avaient cédé leur place à «la violation des valeurs traditionnelles, la substitution de fausses nouvelles aux vraies et l'intransigeance envers le non-conformisme, surtout en politique».
«De fait, l'Occident est un générateur de turbulences, de montée du chaos et d'imprévisibilité dans l'ensemble des relations internationales», a-t-elle indiqué, concluant à «la fracture» du système actuel des relations internationales.
«Je parle de l'apparition de nouveaux centres économiques et financiers, tels que la Chine, l'Inde et le Brésil. Plusieurs autres pays d'Asie et d'Afrique leur emboîtent le pas. Nous assistons à leur rapprochement et à la coordination d'actions», a noté Valentina Matvienko.
L'année dernière déjà, le journaliste Hal Brands avait déploré dans les colonnes de Bloomberg que l'ordre mondial dominé par l'Amérique avait vécu. Pendant environ 25 ans après la fin de Guerre froide, un des principaux objectifs de la politique américaine avait été l'instauration d'un ordre mondial libéral, a estimé Hal Brands. Washington espérait y parvenir en intégrant dans le système ses adversaires potentiels, la Russie et la Chine, pour que ces pays n'aient aucune envie de le perturber. Le but était d'intégrer toutes les puissances majeures dans un système dans lequel les États-Unis et leurs valeurs continueraient à régner sans partage.