Avec la signature de la Convention, on a enfin des règles bien établies qui excluent l'influence dans la région de la Caspienne des pays qui ne bordent pas la mer, ce qui est fondamental pour la sécurité régionale, a déclaré l'expert militaire russe Alexeï Leonkov dans un entretien accordé à Sputnik.
«En 2010, un accord a été signé entre Washington et Astana sur le transit de frets via le Kazakhstan pour approvisionner les militaires américains en Afghanistan. À l'époque, le Kazakhstan a précisé qu'il s'agissait en premier lieu de marchandises et qu'aucune base militaire ne serait déployée [sur son territoire, ndlr]», a rappelé l'interlocuteur de l'agence.
Et de souligner que la présente Convention stipulait explicitement que le déploiement dans la région de la mer Caspienne de bases militaires d'États qui n'en faisaient pas partie était interdit.
«Ainsi, si des problèmes politiques surgissent et que les États-Unis essaient de fomenter une "révolution orange", cela n'arrivera pas, parce que les autres pays de la région l'empêcheront», a expliqué M.Leonkov.
Et d'ajouter que la Convention sur le statut légal de la mer Caspienne offrait par ailleurs de nouvelles possibilités pour une coopération efficace des cinq pays riverains dans la lutte contre les terroristes et les narcotrafiquants.
«La convention rendra en outre plus facile la sécurisation du transport d'hydrocarbures, alors que la participation de l'Iran aux activités de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) aux côtés de la Chine et de la Russie montre que Téhéran a cessé de s'orienter uniquement vers l'Occident», a constaté l'analyste russe.
Selon ce dernier, la signature de la Convention renforcera l'économie iranienne, qui supportera plus facilement les nouvelles sanctions américaines.
Un autre interlocuteur de Sputnik, Mahmoud Shouri, de l'Institut des études eurasiennes d'Iran (IRAS), a qualifié d'immense succès la signature de cette Convention, qui vient couronner vingt années de très difficiles négociations multilatérales, l'absence de statut légal de la Caspienne ayant constitué l'essentiel obstacle pour le développement d'une coopération plein format entre les pays riverains.
«L'esprit de cet accord est beaucoup plus important que son contenu. […] Le consensus des pays côtiers de la Caspienne sur l'interdiction de la présence militaire des États tiers dans la région qui est désormais sacrifié par un document juridique y est des plus importants», a souligné l'Iranien.
Comme il l'a relevé, le résultat de n'importe quel accord international d'un tel niveau ne peut satisfaire à 100% les revendications de chaque partie aux négociations.
«Aussi, y est-il nécessaire de faire certaines concessions pour le bien général et les objectifs communs — pour faire face à des menaces communes [en contrepoids aux États-Unis]», a résumé M.Shouri.