Accord sur le statut légal de la mer Caspienne: 20 ans d’«immense travail diplomatique»

© Sputnik . Boris Babanov / Accéder à la base multimédiaLa mer Caspienne
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La convention signée dimanche par les cinq pays riverains de la mer Caspienne, l'Azerbaïdjan, l'Iran, le Kazakhstan, la Russie et le Turkménistan, est un document historique sur les plans économique, politique, militaire et diplomatique. Telle est l’opinion unanime exprimée par des politologues dans un entretien accordé à Sputnik.

La signature de la convention sur le statut légal de la mer Caspienne est importante dans tous les aspects, notamment économique, politique, militaire et diplomatique, a déclaré à Sputnik Irina Fiodorova, du Centre du Proche- et Moyen-Orient à l'Institut des études orientales de l'Académie des sciences de Russie.

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«Cela a une importance particulière pour l'Iran qui avait figuré parmi les pays qui s'étaient opposés par le passé au partage de la Caspienne en parts égales selon la ligne côtière», a poursuivi l'interlocutrice de l'agence.

Et de se demander pourquoi l'Iran avait fait des concessions à présent.

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«C'est sans doute parce que la situation dans laquelle l'Iran s'est retrouvé avec la reprise des sanctions américaines le pousse à la nécessité d'intensifier la coopération avec ses voisins dans la région», a estimé Mme Fiodorova.

Selon cette dernière, l'interdiction du déploiement de bases militaires d'États ne bordant pas la mer Caspienne est le principal acquis de la convention, les cinq pays côtiers, l'Azerbaïdjan, l'Iran, le Kazakhstan, la Russie et le Turkménistan, s'étant réservé le droit exclusif de garantir la sécurité dans cette région.

«Vu l'aggravation de la situation autour de l'Iran, nous ne pouvons pas exclure totalement son évolution militaire. C'est pourquoi, c'est très important», a expliqué la spécialiste.

Quant à l'éventuelle formation d'un sérieux bloc régional, Mme Fiodorova a supposé qu'en théorie, c'était possible.

«Nous ne devons toutefois pas oublier les contradictions qui subsistent au sein des cinq pays riverains de la Caspienne. L'Azerbaïdjan, par exemple, coopère étroitement avec les États-Unis et Israël. Aussi, serait-il sans doute prémédité de parler d'une perspective réelle de création rapide d'un tel bloc», a-t-elle relevé.

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Et de rappeler que c'était justement la Russie qui avait été la locomotive dans les efforts tendant à la signature de cet accord.

«La Russie a effectué un immense travail diplomatique en vue de réaliser les projets élaborés il y a vingt ans», a relevé l'analyste.

Et d'ajouter que Pékin y était aussi intéressé sur le plan du commerce en perspective se nouveaux corridors économiques en liaison avec son projet géopolitique mondial «la Ceinture et la Route».

«L'économie y compte beaucoup, la Caspienne, c'est du pétrole, c'est aussi une puissante artère de transport. […] La portée militaire [de la convention, ndlr], c'est l'absence de toute force armée étrangère. Et sur le plan politique, les pays riverains de la Caspienne ont fait preuve de solidarité, du moins dans certaines questions, ayant réussi à s'entendre malgré des intérêts très divers», a déclaré à Sputnik Oleg Matveïtchev, professeur à l'École des hautes études en sciences économiques (EHESE) de Moscou, expliquant l'importance du document signé.

Le politologue azerbaïdjanais Ilgar Velizade a souligné pour sa part que la signature de la convention sur le statut de la mer Caspienne était incontestablement positive, le document «mettant les points sur les i».

«Et nous en avons le plus grand besoin en ce moment, dans le contexte d'incertitude et de turbulence dans les questions régionales et internationales», a souligné l'analyste.

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Le sommet de dimanche à Aqtaw au Kazakhstan est le cinquième du genre depuis 2002, tandis que se sont tenues plus de 50 réunions ministérielles et techniques depuis la dissolution de l'URSS, qui a placé quatre nouveaux pays sur les rives de la Caspienne.

Signée le 12 août à Aqtaw, au Kazakhstan, la convention définissant le statut légal de la mer Caspienne, qui recèle de vastes réserves d'hydrocarbures estimées à près de 50 milliards de barils de pétrole et près de 300.000 milliards de m3 de gaz naturel, met fin à ce vide juridique dans lequel cette région stratégique s'est trouvée depuis la dissolution de l'Union soviétique.

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