«Une part conséquente des agents de police ne bénéficie pas de l'entraînement indispensable pour leur permettre de conserver une bonne maîtrise des armes.»
C'est l'amer constat fait par la commission d'enquête présidée par le sénateur PS Michel Boutant et dont François Grosdidier (LR) est le rapporteur, dévoilée par Le Figaro. En plus des suicides, des heures supplémentaires non payées, du parc automobile vieillissant et de commissariats insalubres, de nombreux membres des forces de l'ordre paient de plein fouet la pénurie de munitions au sein de la police. Un point qui inquiète les sénateurs en cette période de risque terroriste accru, auquel sont susceptibles de faire face à tout moment gendarmes et policiers.
Rapport sur l'état de la #sécurité intérieure: le #Sénat préconise notamment
— GhostOfFrance (@france_ghost) 3 июля 2018 г.
l'intégration à la #loi de #finances pour 2019 d'une enveloppe destinée à l'indemnisation du flux annuel d'heures supplémentaires réalisées par les personnels de la #police⤵️https://t.co/rPSXRWIcWi pic.twitter.com/dLVVe5rECd
De plus, cette nouvelle tombe dans un contexte de très forte hausse du recours aux armes à feu chez les policiers. Le 26 juin 2018, l'inspection générale de la police nationale (IGPN) publiait des chiffres impressionnants: +54% entre 2016 et 2017. Ce ne sont pas moins de 14 décès et une centaine de blessés qui ont été recensés entre juillet 2017 et mai 2018 suite à des interventions policières.
En 2017, un tiers des policiers ne s'est pas assez entraîné
Cette problématique n'est pas récente. Le 6 novembre 2017, le syndicat de police Alliance, le plus important de la profession, tirait déjà la sonnette d'alarme. Il dénonçait
«des stands de tir délabrés, des conditions de travail et de sécurité inacceptables dans une majorité de structures, des cadences impossibles à tenir pour répondre aux besoins en terme de nombre de tirs obligatoires et d'habilitations SIG SAUER et HK UMP»,
deux armes utilisées par les forces de l'ordre. Alliance dénonçait également une «pénurie» de munitions d'entraînement. D'après le syndicat, ce manque de moyens force les policiers à tirer avec des armes qui provoquent une dégradation accélérée des équipements des stands de tir, tout en polluant plus, le tout pour un coût supérieur.
En janvier 2016, c'était le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure qui alertait le préfet de Corse et de Corse-du-Sud. Citée par Corse-Matin, l'organisation évoquait une pénurie de munitions d'entraînement sur l'île de Beauté. Une «difficulté d'autant plus paradoxale et incompréhensible dans la période de tension et de violence que connaît le pays».
La commission d'enquête parlementaire présidée par Michel Boutant préconise 32 mesures afin d'améliorer le quotidien des forces de l'ordre et leur efficacité. Elle propose une loi de programmation sur cinq ans, «avec notamment un crédit de 400 millions d'euros en faveur de l'immobilier dans la police nationale», précise François Grosdidier.