«Il n'y a pas de structures actuellement pour aider un policier lorsqu'il est en difficulté, à la fois dans une difficulté d'ordre privé, ou d'ordre complétement opérationnel ou au sein du service. […] Il n'y a déjà pas de structures pour les policiers eux-mêmes. Donc pour la famille, ce sont des structures qui sont encore bien plus faibles que ce que l'on pourrait imaginer.»
«Il faut évidemment que les difficultés de chaque policier soient détectées, un policier qui par exemple va mal, il faut qu'on puisse mettre autour de lui, une structure, il faut qu'on puisse l'assister et qu'on procède notamment aux mises à disposition d'un soutien psychologique ou de mettre en route la médecine de prévention. Ce sont deux éléments qui sont importants mais qui sont pour l'instant insuffisant.»
Si ces deux éléments semblent vitaux pour tout homme qui assure la sécurité en France dans un contexte extrêmement tendu, ils ne devraient être que des points de complément à un plan d'action plus global:
«Rien ne change?! On avait beaucoup d'espoir surtout en 2014 et 2015, puisqu'enfin cela faisait partie des priorités du Ministère de l'Intérieur, qu'il y avait un plan de prévention qui devait se mettre en place et qui finalement n'a pas été au bout.»
La prise de conscience des autorités étatiques n'a pu s'exprimer réellement après les attentats qui ont touchés gravement le pays ces derniers mois. Et ces attentats de 2015 et 2016 ont considérablement aggravé le problème puisque «l'engagement opérationnel est démultiplié» et ainsi l'environnement quotidien des forces de l'ordre s'est dégradé. Stanislas Gaudon souhaite donc insister pour éviter de nouvelles tragédies:
«Pour nous, ce qui est important, c'est qu'enfin on mette en place des structures, un vrai plan de prévention, quitte à reprendre l'ancien et l'améliorer, mais il faut aller jusqu'au bout. Il n'est pas question de s'arrêter en milieu de chemin parce que sinon on va mettre en péril les structures et si on met en péril les structures ce sont de nouveau drames.»
Outre ces difficultés liées au pouvoir étatique, le représentant des policiers dévoile un disfonctionnement interne aux gardiens de la paix:
«Le problème au sein de la police nationale est que lorsqu'on essaye de mettre en place des choses, on ne fait que la moitié du chemin.»
Et d'ajouter pour conclure sur le plan de prévention des risques de suicides dans le rang de la Police nationale:
«En plus, dans le cadre de prévention du suicide, il y avait des référents qui devaient être mis en place au sein des services — on s'aperçoit aujourd'hui que ces référents-là n'existent plus parce que d'abord, ils avaient été désignés d'office.»
«Il faut tout d'abord que l'on donne les moyens à la police de travailler sereinement. […]
L'engagement opérationnel depuis presque trois ans, qui est extrêmement important, est sur tous les fronts.»
Mais, au-delà du terrorisme, Stanislas Gaudon dénonce aussi le climat délétère qui règne parfois dans la société contre les forces de l'ordre:
«Je rappellerais que nous sommes quand même des cibles privilégiées […] dans le domaine du droit commun, nous sommes aussi la cible parfois de violences verbales. Pour mémoire, il existe certaines parutions dans des journaux, dans des publications d'associations qui pensent que la police est à l'origine de tous les maux.»
Et il met en garde contre ceux qui instrumentaliseraient le drame de Sarcelles pour ternir leur image, oublier leur quotidien et remettre en cause des moyens indispensables à leur mission:
«Alors attention. Essayons de ne pas généraliser des actes d'exceptions tout aussi dramatiques qu'ils soient […] de ne pas tomber dans la faciliter et de dire: les 110.000 policiers sont tous des fous-furieux de la gâchette, les gendarmes sont pareils, ils tirent sur tout ce qui bouge, non. Non, ce n'est pas du tout le cas.»
Après ces (dénonce, met en garde), le représentant du syndicat Alliance Police souligne le récent soutien des autorités étatiques et notamment du Ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb:
«On apprécie lorsque les autorités défendent des policiers chaque fois qu'ils sont attaqués ou que l'on jette la suspicion ou la stigmatisation vis-à-vis des policier. […] Cela a été le cas notamment […] lorsque le ministre a dit qu'il n'était pas question de remettre en cause le port d'arme hors service pour les policiers.»
La possibilité donnée aux policiers de porter leur arme hors du service semble en effet être un moyen indispensable dans leur mission. Stanislas Gaudon explique qu'elle est essentielle pour les policiers eux-mêmes, en référence aux attentats de Magnanville, mais aussi pour l'ensemble de la population:
« Le policier a l'obligation d'intervenir 24/24, en service et hors service. […]Lorsque le commissaire de police intervient à l'intérieur du Bataclan, il arrive à neutraliser un terroriste avec seulement son arme de service. Donc c'est dire à quel point cela peut être important que les forces de sécurité soient dans la possibilité d'intervenir pour neutraliser notamment un individu.»