Un pays sort, à l'évidence, victorieux de ce sommet, et c'est l'Italie au gouvernement issu de l'alliance entre le M5S et la Lega.
La crise politique de l'UE au travers du prisme des migrants
La crise que connaît l'UE vient de loin. Mais, elle a connu un incontestable coup d'accélérateur avec la question des migrants clandestins.
Un gouvernement italien conforté
Le gouvernement italien a été conforté dans son refus opposé aux ONG qui affrétaient les navires comme l'Aquarius ou le Lifeline de pouvoir débarquer les migrants. Arguant, et ceci a été confirmé, que ces navires se faisaient les complices objectifs des passeurs mafieux qui exploitent ces gens, un point que le Président français, Emmanuel Macron, a bien été forcé de reconnaître (2), il a vu sa position reconnue par les autres pays. Le gouvernement italien et son ministre de l'intérieur ont donc fait éclater l'hypocrisie massive du discours des « bien-pensants ». Ils ont aussi provoqué une crise, tant dans l'UE qu'en Allemagne, où la position de Mme Angela Merkel apparaît durablement fragilisée. L'ambiguïté de ses rapports avec son propre Ministre de l'intérieur, membre de la CSU le montre.
Aujourd'hui, avec le communiqué final du sommet des 28-29 juin (3), les pays cherchent désormais des solutions soit dans des accords négociés avec d'autres pays, soit de manière individuelle.
Un Président français décomposé
De plus, la déclaration de Merseberg, qui était la concrétisation des espoirs d'Emmanuel Macron est restée un projet mort-né. Douze pays de l'UE se sont déclarés opposés tant à cette déclaration qu'aux ambitions du Président français qui entendait faire évoluer vers un statut plus « fédéral » tant l'UE que la zone Euro (5). Après l'envoi d'une lettre très ferme du ministre des Finances néerlandais Wopke Hoekstra au président de l'Eurozone Mario Centeno pour afficher publiquement sa désapprobation, ce sont onze autres pays qui ont décidé de signer cette lettre (6). De fait, l'idée d'un « budget fédéral » est morte. Or, toute la construction française, à laquelle l'Allemagne avait été associée non sans réticences ni arrières pensées pour cette dernière, reposait sur cette idée. Par ailleurs, Mme Angela Merkel n'est clairement plus en état de défendre en Allemagne même un tel projet, si tant est qu'elle l'ait réellement voulu…
(2) Voir la déclaration faite à Rome le 26 juin par Emmanuel Macron: AFP via https://actu.orange.fr/france/lifeline-la-france-accueillera-une-partie-des-migrants-mais-macron-critique-l-ong-CNT0000014pSvn.html
(3) http://www.consilium.europa.eu/media/35943/28-euco-final-conclusions-fr.pdf
(6) Soit la Belgique, le Luxembourg, l'Autriche, le Danemark, la Suède, l'Irlande, Malte, la Finlande, l'Estonie, la Lituanie et la Lettonie.
(7) Voir Sapir J., « La Crise de l'Euro: erreurs et impasses de l'Européisme » in Perspectives Républicaines, n°2, Juin 2006, pp. 69-84 et Sapir J., « Krizis evrozony i perspektivy evro », [La crise de la zone Euro et les perspectives de l'Euro] in Problemy Prognozirovanija, n° 3 (126), 2011, pp. 3-18.
(8) iAGS, 2014, « The independent Annual Growth Survey 2015: A Diverging Europe on the Edge », téléchargeable à l'adresse http://www.iags-project.org/documents/iags_report2015.pdf
(9) Voir http://www.imf.org/en/Publications/Policy-Papers/Issues/2017/07/27/2017-external-sector-report et http://www.imf.org/en/Publications/Policy-Papers/Issues/2016/12/31/2016-External-Sector-Report-PP5057
(10) Villemot S., Ducoudré B., Timbeau X., « TAUX DE CHANGE D'ÉQUILIBRE ET AMPLEUR DES DÉSAJUSTEMENTS INTERNES À LA ZONE EURO », Revue de l'OFCE, 156 (2018), pp. 1-32.
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