Pourquoi Le Caire refuse-t-il les résultats du sommet de Paris sur la crise libyenne?

© Sputnik . Edouard Pessov / Accéder à la base multimédiaLe Caire
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Des sources diplomatiques égyptiennes auraient affirmé au journal Al-Araby Al-Jadeed que leur pays ne tiendrait pas compte des résultats du sommet de Paris sur la crise libyenne. Le Caire considère en effet qu’organiser des élections dans les conditions actuelles en Libye contribuerait à aggraver la situation, déjà fragile, dans ce pays.

L'Égypte refuse totalement les résultats du sommet de Paris consacré à la crise libyenne. C'est ce qu'ont confié au journal Al-Araby Al-Jadeed, ce 9 juin, des sources diplomatiques égyptiennes faisant partie de la commission chargée du dossier libyen en Égypte, et présidée par l'adjoint du ministre égyptien de la Défense chargé des relations extérieures Mohammed al-Kachki.

«Le Caire a clairement informé Paris que l'organisation d'élections en ce moment aggraverait les souffrances de la Libye et ne résoudrait pas ses problèmes brûlants», auraient affirmé les diplomates, en précisant que le sommet de Paris était à caractère consultatif et non contraignant. «L'analyse égyptienne de la crise en Libye considère que les élections permettront aux Frères musulmans* et aux milices armées tribales, qui sont hors de tout contrôle, de s'emparer du pouvoir», auraient-elles ajouté.

Selon les mêmes sources, l'Égypte aurait réaffirmé sa position au commandant en chef de l'armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar, en soulignant qu'elle serait identique à celle des Émirats arabes unis, qui sont le principal soutien du militaire libyen.

«Le maréchal Haftar, l'Égypte et les Émirats arabes unis n'accepteront pas l'idée d'organiser des élections en Libye, sauf s'ils sont sûrs que le clan de Tripoli et les Frères musulmans* ne réussiront pas à remporter de victoire par les urnes», auraient souligné les diplomates.

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Toujours dans le même sens, les diplomates égyptiens auraient expliqué au journal que leur pays et les Émirats arabes unis n'auraient pas l'intention de se contenter d'un rôle de figurant dans le processus de résolution de la crise libyenne. «Il existe un plan pour apporter un plus grand soutien militaire au maréchal Haftar, dans une prochaine étape, pour l'aider à étendre les zones d'influences qui sont sous son contrôle», auraient-elles affirmé. «Le but est de le présenter devant les puissances occidentales comme étant le seul militaire capable de mettre un terme au terrorisme et à l'immigration clandestine en renforçant son contrôle sur les côtes libyennes».

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Selon Al-Araby Al-Jadeed, citant les mêmes sources, l'Égypte et les Émirats arabes unis auraient même un plan pour faire chuter le gouvernement dirigé par Faïz al-Serradj à Tripoli, considéré comme proche du mouvement des Frères musulmans*. «Bien que Faïz al-Serradj jouisse d'un soutien international, il n'en demeure pas moins que la décision de le chasser du pouvoir, lui et son gouvernement, est toujours d'actualité, et ce en prenant le contrôle de la capitale Tripoli par la force», auraient affirmé les sources diplomatiques. «Soit par des opérations militaires conduites par l'armée de Haftar ou via des milices collaborant avec lui».

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Le 29 mai s'est tenu un sommet à Paris sous l'égide des Nations unies consacré à la résolution de la crise libyenne. Les pays présents à cette rencontre étaient: l'Algérie, la France, les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Turquie, l'Italie, Malte, la Chine, la Tunisie, le Maroc, l'Égypte, le Qatar, les Émirats arabe unis, l'Arabie saoudite, le Koweït, le Niger, le Tchad et le Congo (représentant de l'Union africaine). Les différentes parties libyennes présentes au sommet se sont engagées à organiser des élections législatives et présidentielles le 10 décembre 2018, selon le communiqué lu à l'issue de la conférence.

Le 21 mai, à Alger, le ministre algérien des Affaires étrangères Abdelkader Messahel a présidé une réunion avec ses homologues égyptien, Sameh Chokri, et tunisien, Khémis Jhenaoui, consacrée à la question libyenne.

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A l'issue de cette rencontre, les trois ministres ont réaffirmé dans un communiqué que la solution à la crise que traverse leur voisin doit être politique, impliquer toutes les parties prenantes et exclure toute forme d'ingérence étrangère.

L'Algérie, l'Égypte et la Tunisie s'opposent fermement à «toute forme d'ingérence étrangère en Libye qui mènerait à une escalade interne susceptible de contrecarrer le processus politique et de [faire] perdurer la crise qui menacera, dans ce cas, non seulement la sécurité et la stabilité en Libye mais aussi celles des pays voisins», est-il précisé dans le communiqué officiel, cité par l'Agence Presse Algérie (APS).

*Organisation terroriste interdite en Russie

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