Biodiversité, bien-être humain ou animal: «On est désespérés, on ne sait plus quoi faire»

© AFP 2024 GERARD JULIEN French Agriculture Minister Stephane Travert
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Santé, environnement et agriculture font-ils encore bon ménage? Le projet de Loi «agriculture et alimentation» fait naître des débats houleux, mais est surtout marqué par de multiples renoncements par rapport aux engagements présidentiels et d’infimes avancées.

L'engagement présidentiel ne sera pas gravé dans la loi. La sortie du glyphosate, l'herbicide «potentiellement cancérogène» de Monsato, promis par Emmanuel Macron pour 2021, ne figure pas dans le projet de loi du ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, examiné en première lecture au Palais Bourbon pour le septième jour d'affilée.

Après que l'Union européenne ait décidé en novembre de renouveler la licence de l'herbicide pour cinq ans, le président Emmanuel Macron s'était engagé à ce que le glyphosate, principe actif du Roundup du géant américain Monsanto, soit interdit en France "dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans trois ans". Et de twitter son engagement en faveur d'une planète «great again»:

​«D'un côté des beaux discours, et de l'autre, la réalité de la politique», déplore Marc Giraud, naturaliste, écrivain, chroniqueur et actuel président de l'association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS).

Une couleuvre de plus à avaler pour Nicolas Hulot, qui s'était fermement prononcé pour une sortie du glyphosate sous trois ans, avant toutefois de concéder de possibles «exceptions». Toujours de l'examen du projet de loi agriculture et alimentation, l'Assemblée nationale s'est refusée dimanche 27 mai à inscrire l'interdiction des publicités pour des produits alimentaires trop gras, trop sucrés ou trop salés à destination des enfants, ainsi qu'à rendre obligatoire l'étiquetage Nutri-Score, indiquant le degré de nocivité du produit..

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D'après Le Canard Enchainé, dans son édition du 23 mai, «Les patrons de télé volent au secours de la malbouffe», prédisant dans une lettre adressée aux députés «une chute significative des chiffres d'affaires des chaînes de télévision», car «l'alimentation constitue le premier investisseur publicitaire […] soit plus de 650 millions d'euros nets par an».

Sans grande surprise non plus, dans la nuit du 27 au 28 mai 2018, l'Assemblée a rejeté la vidéosurveillance obligatoire dans les abattoirs. Mais les établissements qui le souhaitent pourront choisir de l'expérimenter… Un «rideau de fumée grotesque» pour le député Olivier Falorni, qui avait présidé en 2016 la commission d'enquête parlementaire sur les abattoirs, après les vidéos-chocs de l'association L214.

​«La biodiversité n'a aucun poids, de même que le bien-être, que ce soit des poules ou des gens. Car dans les abattoirs, les conditions des ouvriers sont aussi épouvantables», estime M. Giraud. «Dans les députés qui ont voté contre ce qui pouvait être mieux pour les animaux d'abattoir, on voit où est le pouvoir. Il est aux politiques, mais eux-mêmes sont très influencés par le pouvoir de l'argent. Derrière tout ça, il y a un seul mot, la rentabilité des multinationales.»

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En octobre dernier, lors des États généraux de l'alimentation (EGA), Emmanuel Macron semblait vouloir une agriculture plus écologique, dénonçant les «choix absurdes en matière de qualité alimentaire qui ont été protégés jusqu'ici et ne correspondent plus à nos goûts et nos besoins». Il ajoutait: «Il faut que cela cesse. Il faut valoriser les indications géographiques, le label rouge, le bio, favoriser le bien-être animal, moderniser les abattoirs, renforcer l'étiquetage sur l'origine des produits transformés.»

«C'est le contraire de tout ce que voudraient les citoyens. On fait beaucoup de sondages, on sait que pour la souffrance animale il y maintenant a une vraie sensibilisation. Et il y a eu des promesses, sur la sensibilité animale, les abattoirs, le glyphosate, le bio, sur tout. Et rien ne suit», poursuit M. Giraud, qui se dit «désespéré. On ne sait plus quoi faire.»

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