Le premier ministre israélien a annoncé en direct à la télévision que les services secrets israéliens avaient mis la main sur d'immenses archives composées de près de 100.000 documents en format papier et numérique prouvant que le programme nucléaire iranien avait une composante militaire secrète sous le nom de code «projet Amad».
On sait que la rupture de l'accord nucléaire iranien est actuellement l'une des priorités internationales de Donald Trump et de son administration. Le président américain a qualifié plusieurs fois «d'inutile» cet accord, considéré comme l'un des principaux exploits de Barack Obama en politique étrangère, et a promis d'annoncer sa décision définitive à ce sujet d'ici le 12 mai.
L'agenda chargé des contacts entre les dirigeants des pays les plus influents ces derniers jours (les rencontres de Trump avec les dirigeants de la France et de l'Allemagne, les nombreux entretiens téléphoniques et notamment le contact de Netanyahu avec le président russe) est consacré en grande partie à ce thème. Washington impose la rupture de l'accord, ce à quoi s'opposent les puissances européennes — sans parler de la Russie.
La communauté politique et les experts formulent activement des analyses, des pronostics et simplement des spéculations sur ce nouveau facteur concernant l'Iran et son programme nucléaire. Des avis directement opposés s'affrontent régulièrement — de «il faut encore vérifier la véracité des archives, peut-être est-ce une falsification» à «cette information n'a rien de nouveau parce qu'elle était déjà reflétée dans les documents de l'AIEA datant d'il y a dix ans» en passant par «l'information relayée par Israël a infligé un préjudice fatal à l'accord nucléaire et à la réputation des participants à l'accord, Russie y compris».
Mais la vérité est probablement bien plus prosaïque: les documents présentés par Israël n'ont aucune signification parce qu'en l'occurrence les faits et la vérité n'ont aucune influence sur les décisions prises par l'Occident.
Ainsi, en rendant hommage au Mossad qui a confirmé une nouvelle fois sa réputation de l'un des meilleurs services de renseignement du monde, on peut noter que Benjamin Netanyahu aurait pu présenter avec le même effet une fiole avec une substance lumineuse en déclarant qu'il s'agissait de l'uranium obtenu par les renseignements israéliens sur un site secret iranien travaillant au développement de l'arme nucléaire.
L'intrigue de toute cette histoire est ailleurs: Washington parviendra-t-il à forcer les pays européens à renoncer à l'accord nucléaire?
C'est l'Europe qui est le principal obstacle factuel sur la voie de Trump, et les visites de Macron et de Merkel au Capitole ne leur ont pas fait changer d'avis. Le Vieux Continent renonce obstinément à se sacrifier pour sauver l'économie américaine.
En fait, les récents événements montrent clairement les changements majeurs dans les relations euro-américaines.
L'accord nucléaire iranien est une question cruciale pour l'Europe parce que derrière se trouvent des contrats de plusieurs millions d'euros déjà conclus avec l'Iran et les intérêts des grandes entreprises européennes.
De cette manière, sans aucun doute, l'information annoncée par Benjamin Netanyahu sera exploitée au maximum par Washington pour obtenir de l'Europe son soutien dans la rupture de l'accord avec Téhéran. Mais en soi, indépendamment de sa réalité et de son importance, cette information n'a aucun poids.
Par conséquent, le plus intéressant dans cette situation est de savoir si les USA parviendront à persuader leurs partenaires européens. Sinon, cela signifierait que le monde est définitivement entré dans une nouvelle ère.