Une visite parsemée d'actes symboliques dont Emmanuel Macron a le secret. Six mois avant le référendum sur l'indépendance et 30 ans après les violences meurtrières sur l'île d'Ouvéa, Emmanuel Macron est arrivé ce 3 mai en Nouvelle-Calédonie, pour un déplacement de trois jours.
Pourtant, la présence présidentielle est perçue comme «un affront», pour les signataires d'une tribune qui appelle le chef d'État à «reconnaître officiellement les crimes commis à Ouvéa et à s'abstenir de toute prise de position sur le processus de décolonisation».
Une prise de parole qui n'aura pas lieu, car le président se recueillera devant la stèle sans prononcer de discours, évoquant simplement à son arrivée jeudi, «cette histoire partagée, faite d'ombre et de lumière», ces «moments importants de notre histoire commune, des moments qui ont pu être parfois douloureux» et «des moments dont nous pouvons être fiers comme les 20 ans des accords de Nouméa».
Le même jour, à Nouméa, le président remettra au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie l'acte de 1853 de prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France, avant de prononcer un discours.
Lors de son déplacement, le Président «n'exprimera pas de position vis-à-vis du référendum» du 4 novembre. Candidat, il avait déclaré aux Nouvelles-Calédoniennes le 5 mai 2017: «La présence de la France est nécessaire pour garantir la paix. […] Pour ma part, je souhaite que la Nouvelle-Calédonie reste dans la communauté nationale», précisant qu'il respecterait le résultat du référendum.
D'après un sondage, les opposants à l'indépendance devraient sortir vainqueurs de la consultation. L'institut local I-Scope, en partenariat avec la télévision Caledonia, a publié mercredi 2 mai les résultats de son enquête: 59,7% des personnes interrogées sont contre l'indépendance, 22,5% sont pour et 17,8% ne savent pas ce qu'ils voteront.
Un résultat que les indépendantistes tentent de relativiser, ayant trouvé d'autres résultats, ainsi que le directeur de Caledonia lui-même. Cité par Le Point, Jérémie Gandin explique qu'il fallait prendre ces chiffres «avec des pincettes», la progression du «non» à l'indépendance de 5,5% «se situant dans la marge d'erreur des 5%.» Pour autant, même en tenant compte de cette marge d'erreur (-5 pour le non et + 5 pour le oui), on arriverait à 54,7 % contre 27,5 %, un écart qui semble à ce jour difficile à combler pour les partisans de l'indépendance.