Manuel Valls continue sa croisade contre le mouvement indépendantiste en Nouvelle-Calédonie. Un référendum d'autodétermination doit être organisé d'ici novembre 2018 et l'ancien Premier ministre a choisi de sortir de sa réserve pour afficher son opposition à une éventuelle indépendance du «Caillou».
À Nouméa, Valls souhaite que «la Calédonie reste française» https://t.co/DiBqrgcq14
— Mediapart (@mediapart) 23 февраля 2018 г.
À la tête de la mission parlementaire d'information sur l'avenir constitutionnel de la Nouvelle-Calédonie depuis octobre 2017, le député de l'Essonne a déclaré sa préférence pour le maintien de Nouméa dans la République. Contrairement aux gouvernements précédents, qui n'avaient pas pris position sur la question, il a choisi son camp lors d'un débat avec le public calédonien le 20 février 2018.
Dans un communiqué de presse daté du 22 février, Louis Mapou, président de l'Union nationale pour l'indépendance (UNI) a vivement critiqué l'ancien Premier ministre prétendant «vouloir aider les Calédoniens», mais s'adressant à un public «européen, âgé, anti-indépendantiste».
En Nouvelle-Calédonie, les indépendantistes de l’UNI reprochent à la mission @manuelvalls de soutenir les loyalistes. «Attention aux vieux réflexes de la République coloniale conservatrice», dit Louis Mapou. https://t.co/gFjGHUcND1
— Carine Fouteau (@fouteau) 23 февраля 2018 г.
Mais ce qui inquiète le plus M. Mapou est la prise de position de Manuel Valls. Car ce dernier rompt en effet une tradition neutralité sur ce dossier.
«Ils sont là au nom de l'Assemblée nationale pour informer, pas pour dire ce que l'on doit faire. C'est la population calédonienne qui doit décider, laissons-la faire», déclarait Roch Wamytan, président du groupe Union Calédonienne, indépendantiste, à l'AFP.
De l'avis de M. Mapou, cela signifierait que les partisans de l'autodétermination vont être confrontés à un appareil d'État en ordre de bataille pour faire campagne contre eux, au détriment de la recherche de solutions aux «revendications légitimes du peuple kanak».
«Les indépendantistes doivent désormais intégrer qu'ils auront tout l'appareil de l'État (Assemblée nationale, Sénat, gouvernement et Président de la République) derrière les loyalistes dans la campagne pour le référendum [d'autodétermination]».
À l'origine prévue pour s'assurer de la sérénité du débat public, la visite de Manuel Valls aura au contraire eu un effet clivant. Dans le camp indépendantiste, on dénonce le «ton paternaliste» et les «déclarations intempestives» du député de l'Essonne qui «dans le passé, ne nous a pas habitués à l'impartialité».
Même les anti-indépendantistes, à l'image de Philippe Michel, du parti de la droite modérée Calédonie Ensemble, considèrent que l'ancien Premier ministre a commis un «impair» qui vient ajouter de l'huile sur le feu inutilement.
«Nous pensons que si l'État marque sa préférence pour une solution ou pour une autre, on coupe court à toute discussion et on engendre des crispations», expliquait-il d'ailleurs à l'AFP.