Nul doute que les négociations à Wuhan entre le Président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi ont renforcé leur confiance mutuelle notamment lors des discussions sur des problèmes sensibles dans les relations entre leurs deux pays, a estimé dans un entretien accordé à Sputnik Dai Yonghong, professeur de l'Institut de l'Asie du Sud à l'Université du Sichuan.
«Dans ces nouvelles conditions, la Chine et l'Inde se sont engagées à assumer ensemble la mission historique et la responsabilité historique pour la prospérité et la stabilité en Asie», a déclaré l'interlocuteur de l'agence.
Alexandre Lomanov, de l'Institut de l'Extrême-Orient russe, a constaté pour sa part que somme toute le monde avait réagi avec un optimisme prudent à la rencontre informelle de Wuhan entre les dirigeants chinois et indien.
«D'une part, c'est très bien, parce que le monde contemporain change, et ces deux pays aux potentiels immenses doivent évidemment coopérer. De l'autre, les commentaires laissent transparaître un certain scepticisme», a relevé M.Lomanov.
Et d'expliquer que la Chine ressentait toujours une attitude inamicale de l'Inde, Pékin doutant de la possibilité de développer avec New Delhi des projets autres qu'économiques.
«Le motif général dominant dans les publications chinoises se résume comme suit: l'Inde ne doit pas céder à des provocations américaines contre la Chine, telles qu'un "dialogue quadripartite" ou d'autres formats destinés à contenir Pékin», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
Les observateurs constatent que Pékin s'inquiète des prémisses d'un dialogue quadripartite entre l'Inde, le Japon, l'Australie et les États-Unis sur les questions de sécurité dans le Pacifique. De son côté, New Delhi observe avec suspicion l'initiative chinoise de route de la soie, avec son corridor économique pakistanais et ses incursions dans l'océan Indien.
Les motifs de tension et de rivalité sont nombreux entre la Chine et l'Inde, qui s'étaient notamment retrouvées dans un face-à-face armé tendu à l'été 2017 sur le plateau du Doklam, à la jonction entre l'Inde, la Chine et le Bhoutan.
Bien qu'aucune déclaration conjointe n'ait été publiée à l'issue de la rencontre de Wuhan, le Président chinois et le Premier ministre indien ont multiplié les déclarations de bonnes intentions, se félicitant du «large consensus» qu'ils avaient atteint.