Témoignages de Syriens à l’OIAC: quand la presse n’ose pas prendre de risques

© AP Photo / Peter DejongLe témoignage de Syriens à la Haye
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Comment isoler l'espace médiatique de l'information indésirable? Les grandes démocraties occidentales savent mettre des mots dans la bouche des médias libres, c’est ce que prouve la récente couverture du témoignage de Syriens de Douma auprès de l’OIAC.

La réaction des politiciens et des médias du monde occidental est peut-être ce qu'il y a eu de plus intéressant autour du déplacement de Syriens de Douma à La Haye. Ils viennent témoigner devant l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).

Un petit retour sur les faits: la Russie et la Syrie ont fait venir 17 habitants de Douma au siège de l'OIAC, notamment Hassan Diab. Ce petit garçon est devenu malgré lui le personnage principal de la vidéo des Casques blancs qui a servi de prétexte aux frappes américano-franco-britanniques en Syrie.

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À la tribune de l'OIAC, les 17 témoins ont raconté la mise en scène de l'attaque chimique. Cependant, les représentants des pays qui ont bombardé la Syrie prétextant une attaque chimique ont simplement refusé de se rendre au briefing des témoins de Douma. Avant la conférence de presse, le représentant permanent américain à l'OIAC a rapidement fait le tour des représentants des «alliés» et leur a interdit d'aller à ce briefing.

Après ça, le représentant du Royaume-Uni a déclaré: «L'OIAC n'est pas un théâtre», le représentant de la France l'a sagement épaulé en qualifiant le briefing de «mascarade obscène».

Cette position a été instantanément reprise par les médias mainstream.

Japan Times: «La Russie est accusée d'une honteuse mascarade, présenter des habitants de Douma pour tenter de prouver que l'attaque chimique était une mise en scène»

The Times: «La mascarade honteuse d'une famille de Douma»

Mirror: «La Russie présente un enfant syrien de 11 ans en tant que «témoin» pour "prouver que l'attaque est fausse".»

Otago Daily Times: «La Russie tente de discréditer l'attaque de Douma»

ABC News: «La Russie est accusée d'une honteuse mascarade pour avoir présenté de prétendus témoins de l'attaque chimique syrienne»

New York Daily News: «La Russie descendue pour sa tentative de démentir l'attaque chimique syrienne»

Bien que cette fois l'histoire d'Hassan n'ait pas été passée sous silence dans les médias, les communiqués de la conférence de presse à La Haye n'ont pas fait la une des journaux, restant quelque part à l'arrière-plan.

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En fait, l'histoire semble se répéter. En 1999, c'était le massacre de Racak quand la Serbie avait été accusée du meurtre d'Albanais kosovars civils. Deux expertises en médecine légale ont été réalisées. L'enquête biélorusse a conclu qu'aucun des corps ne portait des traces d'exécution, qu'il ne s'agissait pas d'un massacre et que les corps ont été mutilés a posteriori pour faire croire à une exécution. Mais simultanément, des spécialistes finlandais, épaulés par l'Américain Kurt Volker, ont tiré une conclusion contraire: des civils ont été tués par les forces serbes et cette conclusion a servi de prétexte pour les bombardements de la Serbie.

Les accusations d'attaque chimique présumée font ressurgir les souvenirs sur l'Irak. Les bombardements de ce dernier ont commencé après la fameuse démonstration par Colin Powell, alors secrétaire d'État américain, avec un tube plastique contenant une mystérieuse poudre blanche. Bien qu'il n'y ait jamais eu de preuves réelles de la détention «d'armes de destruction massive» par Saddam Hussein, cet épisode est resté dans les mémoires pour sa conséquence: l'invasion de l'Irak.

Le mois dernier, les Skripal ont été empoisonnés au Royaume-Uni et ont failli mourir. Après leur hospitalisation, ils sont mis au secret. Conséquence: l'expulsion de 150 diplomates.

Après les frappes contre la Syrie, les dirigeants dénoncent «les mensonges» de la Russie et déclarent que leurs missiles ont touché tous les objectifs visés, peu importe les images publiées par les médias russes de nombreux missiles intacts interceptés.

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Toutefois, «l'agression russe» ne s'est pas limitée à couper l'Occident de la réalité. Elle aurait également porté atteinte à l'une de ses principales valeurs déclarées: la liberté d'expression. Actuellement, citer la position russe, syrienne, etc., peut valoir à un média mainstream une enquête officielle sur la «diffusion de fake news» et une accusation des institutions civiles de «transmission de la propagande russe». En conséquence, peu de médias libres osent prendre des risques.

Les titres sur le témoignage de Syriens à l'OIAC le prouvent de manière évidente: tous les médias transmettent de manière disciplinée la vérité certifiée conforme avec les mêmes mots et mêmes formulations. 

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