Le Front Polisario est prêt à toutes les éventualités, comme le montre bien le degré de tension atteint dernièrement dans la région tampon de Guerguerete, a déclaré Abdelkader Taleb Omar, ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Algérie, dans un entretien donné, ce mercredi, au site d'information Tout Sur l'Algérie (TSA). Le diplomate a dénoncé au passage le rôle négatif joué par les gouvernements français et espagnol dans le conflit du Sahara occidental.
«La situation tendue, dernièrement, à Guerguerate était édifiante, car la distance qui séparait les deux armées [marocaine et sahraouie, ndlr] était de 120 mètres. Cette situation peut se répéter à n'importe quel moment. Alors, ou bien on arrive à avancer et à aller à des négociations sérieuses, sinon le retour à une escalade militaire dans la région est plus que probable», a déclaré Abdelkader Taleb Omar.
Fustigeant la décision du Conseil européen sur la reprise des négociations concernant l'accord de pêche UE-Maroc, incluant les eaux territoriales du Sahara occidental, Abdelkader Taleb Omar a fait savoir que des États européens, à l'instar de la France et de l'Espagne exercent des pressions sur Bruxelles à ce sujet, tout en pointant du doigt leurs rôle négatif dans la résolution du conflit sahraoui et ce pour des desseins inavoués. «Nous savons qu'il y a des pressions de la part de certaines parties comme les gouvernements français et espagnol. Ceci n'est pas un secret. Et à chaque action qui dérange le pouvoir marocain, ils viennent à son secours et pas uniquement à l'Union européenne ou à la Commission européenne, mais même au Conseil de sécurité [de l'Onu, ndlr], la France a toujours été l'obstacle à ce que veulent les autres pays en matière de respect de la légalité internationale», a-t-il déclaré.
«La position de la France est motivée par les intérêts qu'elle a au Maroc. La France veut que le Maroc ait une position de leader en Afrique, car elle ne veut pas qu'un pays, comme l'Algérie, qui traite avec elle de pair à pair ait la plus grande influence dans le continent. C'est celle-là la raison, et la révolution sahraouie est une expansion des mouvements de libérations nationaux», a-t-il souligné.
En conclusion, le responsable sahraoui a lancé que «nous ne demandons pas à la France de s'aligner du côté des Sahraouis, mais nous lui demandons d'être du côté du droit international et non de la colonisation».
«L'inclusion du territoire du Sahara occidental dans le champ d'application de l'accord de pêche enfreindrait plusieurs règles de droit international général applicables dans les relations entre l'Union et le Royaume du Maroc, notamment le principe d'autodétermination», indique la Cour de Justice de l'Union européenne.
Pour rappel, dans son rapport au Conseil de sécurité sur la situation au Sahara occidental, rendu public le 4 avril 2018, le secrétaire général de l'Onu écrivait vouloir «parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable du conflit, qui permette d'assurer l'autodétermination du peuple du Sahara occidental».