Maxime Bourbak, le leader de la fraction «Front populaire » au sein du parlement ukrainien, a décidé d'endosser la casquette de sauveur de notre planète, en tirant la sonnette d'alarme: selon lui, la construction du gazoduc Nord Stream 2 constitue un pas «dangereux et irresponsable» qui pourrait se traduire par «un monopole» russe sur le marché gazier européen.
«Les conséquences de la réalisation du projet Nord Stream 2 dépasseront le commerce et les affaires internes de l'UE et conduiront à la déstabilisation économique et politique de l'ensemble de l'Europe et, par conséquent, du monde entier», pronostique M.Bourbak.
Compte tenu de ces propos peu rassurants, l'irresponsabilité de l'Allemagne et de la Finlande qui ont d'ores et déjà donné leur feu vert à la construction de Nord Stream 2 paraît évidente.
La Commission européenne semble également être victime du machiavélisme de Gazprom puisqu'elle entend clore l'enquête antimonopole qu'elle avait ouverte en 2012 contre ce géant russe accusé d'avoir violé les règles de concurrence en Europe centrale et orientale. Gazprom a adressé début mars à la Commission européenne un document dans lequel il a assumé l'obligation qui lui avait été faite de supprimer de ce certains contrats les clauses interdisant la revente de son gaz et de réviser les tarifs en vigueur pour la Bulgarie, la Pologne, l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie.
Un possible appel ukrainien aux responsables européens et à l'ensemble de la communauté internationale vise à dessiller leurs yeux avant qu'il ne soit trop tard. Mais si les intentions de Kiev n'étaient pas si honorables?
Au grand dam des autorités ukrainiennes actuelles, leurs prédécesseurs n'ont pas su laisser intacte l'image de l'Ukraine comme un État de transit stable, en coupant le flux du gaz russe vers l'Europe à deux reprises: lors des hivers de 2006 et de 2009. Suite à ces incidents, la Russie et ses partenaires européens avaient procédé au développement des routes alternatives contournant le territoire ukrainien ce qui avait fait chuter le transit ukrainien de 100 mmc à 50-70 mmc par an.
La construction de Nord Stream 2 et de Turkish Stream, un gazoduc qui relierait la Russie et la Turquie via la mer Noire et permettrait à la Russie de contourner l'Ukraine et de se passer complètement du transit ukrainien.
L'Ukraine met donc tout son poids dans la balance afin de faire enterrer le projet Nord Stream 2 qui menace de mettre fin à son statut d'État de transit et de le priver de son levier principal dans ses relations avec l'UE et la Russie. Une stratégie susceptible de la faire tomber dans le ridicule.