On assiste à présent à une guerre énergétique, guerre pour le droit de livrer des hydrocarbures en Europe, et les Américains craignent que le lancement du gazoduc Nord Stream 2 ne laisse de côté l'Ukraine, ce qui donnerait inévitablement un gros avantage à la Russie, a déclaré Ben Aris à Sputnik.
«À mon avis, les Américains ont leur intérêt particulier à bloquer le projet Nord Stream 2 et la politique énergétique y est un instrument clé. […] Pourtant, l'Europe, et tout particulièrement l'Allemagne, dépendent beaucoup des fournitures d'hydrocarbures russes», a indiqué l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter que finalement, la tâche des politiques consistait à gérer l'économie et garantir la prospérité de la société.
«C'est l'argent qui gagne toujours. […] On veut en Europe des livraisons de gaz russe bon marché, […] et je ne pense pas que les Américains y aient des leviers de pressions efficaces. Ils peuvent évidemment dire ce qu'ils veulent, mais l'Europe leur a déjà laissé clairement entendre que ses transactions énergétiques ne les regardaient pas», a estimé le journaliste.
Et d'expliquer qu'à terme, en volume, le gaz liquéfié exporté à présent par les États-Unis pourrait remplacer le gaz russe sur le marché européen mais qu'il était beaucoup plus cher.
«En réalité, contrairement à leurs déclarations, les Américains ne se préoccupent pas du tout de l'indépendance énergétique de l'Europe. Ils ne poursuivent que leurs propres objectifs, dont ceux d'obtenir des livraisons suffisantes de leurs propres hydrocarbures en Europe», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
Les observateurs relèvent que tout cela n'entame pas la détermination de plusieurs pays européens à mener le projet de Nord Stream 2 jusqu'au bout, estimant que ce gazoduc leur permettra d'importer du gaz russe bon marché sans passer par des pays de transit.
Le projet Nord Stream 2 prévoit la construction d'un gazoduc depuis le littoral russe jusqu'à l'Allemagne en passant par le fond de la Baltique. Sa capacité totale sera de 55 milliards de mètres cubes de gaz par an. La construction de ce nouveau gazoduc vise à doubler Nord Stream 1 lancé en 2011 et qui avait permis de réduire le transit ukrainien de 100 mmc à 50-70 mmc par an.