Évoquons notamment Christophe Castaner, délégué général de LREM, mardi, sur France Inter qui disait sentir un «besoin d'alternance à Paris», ou encore les piques lancées par son adversaire pressenti pour les municipales de 2020, Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement. «C'est un peu électoraliste, à deux ans de l'élection, cela va finir par se voir,» lâchait-il au micro de Public Sénat, ironisant sur la dernière mesure souhaitée par Anne Hidalgo: rendre les transports parisiens gratuits. Comme le rappelle cet éphémère député de Paris, ancien membre du bureau national du Parti socialiste, «rien n'est jamais gratuit»!
Une mesure annoncée, à pic et qui en effet pourrait être compensée par un péage urbain —comme ceux en vigueur dans la ville de Londres ou en Norvège- Si pour la maire de Paris, il s'agit d'une mesure d'«accompagnement» et non de discrimination vis-à-vis des Franciliens, la mesure les concernerait au premier chef, la majorité des Parisiens ne disposant pas de véhicule et utilisant les transports en commun.
Pourtant, ces derniers semblent en désamour avec leur édile: d'après un sondage Ifop-Fiducial pour Le Journal du Dimanche (JDD), publié le 24 mars dernier, le candidat LREM pressenti pour ravir Paris à l'ancienne adjointe de Berthrand Delanoë, Benjamin Griveaux, devancerait de 3 points Anne Hidalgo au premier tour (32% contre 29% des suffrages) face à une droite en berne. Ainsi, selon le sondage, 58% des Parisiens désapprouveraient les résultats de leur maire et seraient particulièrement insatisfaits de sa politique de logement, de propreté… et de lutte contre la pollution.
Un sondage faisant apparaître une Anne Hidalgo fragilisée, qui aurait mis le feu aux poudres. Ainsi, deux ans avant les municipales, la «bataille de Paris» semble lancée, pour reprendre les mots de Bruno Jeudy, rédacteur en chef politique à Paris Match, évoquant une des «priorités» pour Emmanuel Macron, en 2020: faire basculer la capitale dans sa majorité.
«L'idée que l'on peut avoir un service rendu gratuitement sans que cela coûte rien à personne est une idée assez fausse,» déclarait Benjamin Griveaux au micro de Public Sénat.
Il faut dire que les faits sont têtus. Les capacités du métro ne suivent pas, sans parler de l'insalubrité de nombreuses stations ou encore de l'insécurité caractéristique des transports en commun franciliens.
D'après une étude de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), basée sur de travaux de l'Insee et des chiffres de la sous-direction régionale de la police des transports de la préfecture de Paris, les transports d'Ile-de-France qui rassemblent près de 60% des 267.000 agressions sexuelles, commises en 2014 et 2015. Une «fourchette basse» du phénomène, estime l'ONDRP.
Un phénomène auquel s'ajoutent les nombreuses incivilités, ainsi que des agressions violentes: toujours selon les chiffres de l'ONDRP, plus d'une femme sur deux (51%) dit ne pas se sentir en sécurité dans les transports en commun.
Au-delà des problématiques non résolues des transports, s'ajoute pour les contribuables parisiens la note budgétaire des mandatures d'Anne Hidalgo. En effet, la dette de la ville explose, devant dépasser les 6 milliards à la fin de l'année. Si à la mairie on se dit «très serein», soulignant la mise en œuvre d'un «très ambitieux» programme de «rattrapage en matière d'équipements de proximité», cela reste quatre fois plus qu'au moment où le Parti socialiste avait ravi la capitale à la droite en 2001.
Une situation financière qui contraste avec les promesses de l'édile parisienne, qui a mis un point d'honneur à annoncer que les impôts locaux n'augmenteraient pas… jusqu'en 2020 (soit l'année des élections). Des impôts qui avaient sévèrement augmenté sous les mandats de son prédécesseur et mentor. Parallèlement, les autres prélèvements (taxes et surtaxes) ont explosé, la mairie profitant également des rentrées- plus tendancielles- telles celles des droits de mutation, en nette hausse avec l'explosion des prix de l'immobilier.
Des prélèvements qui augmentent sans cesse auxquelles s'ajoutent quelques errements en matière de gestion… Citons par exemple le récent cafouillage du renouvellement du contrat liant la ville avec l'opérateur d'affichage publicitaire JCDecaux, qui prive la mairie de 30 millions annuels pendant deux ans, ou encore les manœuvres comptables de l'Hôtel de Ville en matière de logements sociaux, pointées du doigt par un rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC).
S'agit-il de l'expression du soutien de certains de ses aficionados, ayant suggéré son nom? Ceux-là mêmes qui manifestaient le 10 mars pour la soutenir dans sa volonté de maintenir les voies sur berge rive droite fermées, mesure retoquée par le tribunal administratif de Paris. Ou, s'agit-il d'un clin d'œil sarcastique à la révision très sélective des rues de Paris, au détriment des personnalités jugées non politiquement correctes —une tendance qui d'ailleurs agace, même au sein de son camp politique?
Quoi qu'il en soit, pour préserver une bonne image, la maire de Paris peut encore compter sur ses équipes. Un service communication aux effectifs pléthorique: pas moins de 273 employés, auxquels s'ajouteraient —selon l'opposition de droite- 144 autres personnes liées à la communication au sein des autres directions.
Par ailleurs, vendre trop hâtivement la peau de l'ours Hidalgo serait une erreur. D'ailleurs, le gouvernement n'a pas encore officiellement enterré tout projet d'accord avec l'élue parisienne. Anne Hidalgo reste au coude à coude avec un candidat issu d'une majorité présidentielle fraîchement élue grâce à des voix de gauche et de droite, une gauche qui en termes de sièges reste majoritaire dans la capitale et qui en deux ans, a encore bien le temps de se rallier à son panache blanc.