Comment la Mairie de Paris va-t-elle pouvoir se sortir de ce pétrin? C'est la question que doit désormais se poser l'édile de Paris. En effet, des salariés de l'entreprise Streeteo, responsables du contrôle du stationnement payant et de la collecte des FPS (forfait de Post-Stationnement, en clair, les contraventions) à Paris, ont alerté sur le fait que des agents non assermentés verbaliseraient des automobilistes. Une pratique bien entendu illégale. Ce énième camouflet vient allonger une série déjà longue pour Streeteo, après les milliers de contrôles fictifs de stationnement, des agents contrôlés au cannabis ou sans permis de conduire. Pourquoi la mairie de Paris n'a-t-elle toujours pas dénoncé le contrat avec ce prestataire pour le moins sulfureux?
«S'ils dénoncent le contrat pour un motif que les autres [Streeteo, ndlr] peuvent contester —parce que je ne suis pas sûr que la mairie de Paris ait beaucoup de preuve à part quelques déclarations dans la presse de salariés mécontents-, cela pourrait donner lieu à des contentieux à n'en plus finir.»
Une opinion que partage également Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes. «Derrière Streeteo, vous avez une filiale de Vinci [Indigo, ex-Vinci Park, ndlr], vous avez des gens qui sont extrêmement puissants avec lesquels la ville de Paris à l'habitude de négocier, de traiter, c'est très compliqué pour la ville de paris de rompre un contrat.» Mais il souligne qu'aller vers cette direction serait un total désaveu pour Anne Hidalgo, maire de Paris.
«Ce serait aussi l'échec de sa politique de stationnement qui serait avéré, une chose qu'Anne Hidalgo a du mal à imaginer. Elle a eu tort sur beaucoup de choses, que ce soit sur la fermeture des voies sur berges ou sur cela. Il va falloir qu'elle rame dur pour faire croire qu'elle n'est pas à l'origine de ce désastre. Pourtant le fiasco, c'est bien sa décision qui en est à l'origine.»
Mais comment a-t-on pu en arriver là? Pierre Chasseray l'explique par «la conséquence directe d'une privatisation de la surveillance du stationnement.»
«Il y a de l'abus comme dans toute privatisation, dans les sociétés où il y a des objectifs à atteindre pour les employés. Lorsque les objectifs sont trop hauts, mais qu'il y a une belle prime au bout, eh bien on engendre ce type de comportement.»
Même si Serge Federbusch nuance les méfaits de la privatisation, il tombe d'accord avec Pierre Chasseray sur cette course aux chiffres. En effet, c'est une «politique à la fois dictée par la communication et par l'état de quasi-faillite de la ville du fait de la mauvaise gestion d'Hidalgo». Selon lui, «l'objectif caché est de faire un maximum d'argent dans un minimum de temps, ce n'est pas vraiment de régler les problèmes de stationnement.»
«Ils ont mis des objectifs trop importants à Streeteo et Moveo [autre entreprise qui gère le stationnement, car il y a un partage du marché, ndlr]. Les autres [Streeteo, ndlr] sont obligés de truander parce qu'ils n'arrivent pas à atteindre les objectifs. C'est une espèce de jeu de dupes.»
Et d'ajouter,
«Finalement, toutes les amendes mises par des personnels Streeteo vont pouvoir être contestées […] Alors qu'Hidalgo espérait 300 millions de cette opération, de recettes supplémentaires, ça va se terminer par rien du tout à la fin de l'année si ça continue. Elle est renvoyée à son incurie budgétaire.»
La ville de Paris a d'ailleurs infligé des pénalités à hauteur de 60.000 euros à Streeteo dans le cadre des faux contrôles de stationnement. Une mauvaise nouvelle n'arrivant pas seule, Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, expliquait à Sputnik qu'une future action en justice serait à l'étude.
«On est en train de surveiller, de réfléchir à quel type d'action on peut lancer, tout en sachant que ces faux PV n'ont pas donné lieu à verbalisation […] On regarde ce qu'il se passe sur le terrain pour commencer une quelconque procédure, mais évidemment on suit cela de très près.»