L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a dénoncé le manque de preuves qui auraient permis d'accuser Moscou de la tentative d'assassinat de Serguei Skripal, un ex-espion russe empoisonné sur le sol britannique avec sa fille. Exprimant dans une interview à LCI une opinion opposée à la position prise par Emmanuel Macron, qui avait plus tôt condamné «une attaque inacceptable», l'ancien homme d'État a également fustigé la Première ministre britannique pour sa réaction.
«Quand madame Theresa May va faire appel à l'opinion publique anglaise pour l'alerter, pour dire "Si on est attaqués on va riposter", naturellement les Russes répondent "Si vous ripostez, on ripostera à la riposte". Ça s'appelle l'escalade, et c'est ça qui est dangereux», a-t-il ajouté.
La Première ministre britannique Theresa May a accusé la Russie d'implication dans l'empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, sans toutefois présenter de preuves tangibles pour appuyer ses allégations. Qualifiant l'affaire de «provocation», la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a de son côté qualifié les propos de la Première ministre britannique de «cirque en plein Parlement».
Sergueï Skripal avait été recruté comme agent double par les services britanniques en 1995, avant d'être démasqué et arrêté en 2004 puis condamné en 2006 à 13 ans d'emprisonnement pour trahison. Durant cette période, le transfuge avait fourni au MI6, les renseignements extérieurs britanniques, les noms de plusieurs dizaines d'agents opérationnels sur le sol européen.
Libéré en 2010 dans le cadre d'un échange qui avait permis à Moscou de rapatrier d'Amérique du Nord 10 agents dormants contre sa libération et celle de trois autres Russes reconnus coupables d'espionnage au profit de Washington, l'homme vivait depuis en Angleterre.